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                       BX€fJBSlOiV DANS LE MIRr.             27

 la guerre à leur compte et de prendre la France sous la
 protection de leurs écus. Les chemins de fer nous ont donné
 la juste mesure du patriotisme de ces Messieurs; ce patrio-
 tisme là est coté à la bourse, et, pour être juste, nous devons
 dire qu'en ce moment il est fort à la baisse.
    On a vu de nos jours les barons de la finance courir après
 le gain d'une concession el se coaliser pour le monopole. Geor-
 ge Roux , lui , ne demandait au roi de France qu'une chose :
 la permission d'armer les batteries de la rade à ses frais, de
 payer les matelots et de courir sus aux Anglais pour l'honneur
 du pavillon national el le salul du commerce français.
    Et n'allez pas croire que ce fûl là une orgueilleuse boutade
 de négociant blessé dans ses intérêts, une vaine et ridicule
 rodomontade. George Roux arma réellement un grand nom-
 bre de navires en course ; le produit des prises que ceux ci
 faisaient était employé à l'achat des munitions de guerre et à
 l'équipement des soldats. George faisait réellement manœu-
 vrer une flotte qui, après beaucoup d'expéditions heureuses,
 finit par être complètement détruite par une escadre anglaise ;
 car le gouvernement anglais, qui avait d'abord pris en riant
le manifeste du marchand marseillais, en comptant les perles
 sérieuses qu'il avait fait éprouver à son commerce, se décida
à donner les ordres nécessaires pour l'anéantissement de la
flotte de George Roux. Louis XV laissa faire, il préludait
alors à sa malencontreuse guerre de sept ans, pendant la-
quelle la France perdit sa suprématie et les dix-neuf vingtiè-
mes de ses possessions aux Indes 5 le Canada, sa marine, lais-
sant l'Angleterre commencer, sur les ruines de la puissance
du grand Mogol, son vaste empire anglo-indien qu'il lui
était possible d'élever pour elle-même el qu'avaient si heu-
reusement fondé Dupleix el la Bourdonnaie (1).
    Cruellement frappé dans sa fortune, George Roux demeura
grand citoyen ; il rassembla les débris de son opulence el les


  (1) Voir-, Histoire du XVIIIe siècle, ]>ar Lacretellc.