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                            BIBLIOGRAPHIE                             131

«   eut sans cesse dans ses rangs des obstinés de l'honneur, des incorri-
«  gibles du devoir, pour qui les intérêts ne furent pas des convictions
o   et qui surent résister aux secousses de la crainte comme aux
«  séductions menteuses de l'ambition. »
   Comme on le sait, l'impression laissée au Palais, par ces paroles si
dignes et si élevées, est demeurée profonde chez tous ceux qui les ont
entendues. Mais ce n'est pas là pourtant le dernier souvenir que le
premier président Millevoye ait laissé au sein du Barreau. Il en est un
autre, aussi vivant, dont l'auteur ne pouvait parler, parce qu'il devait
l'ignorer. C'est le charme, que renfermaient ses réponses au discours
que lui adressait, chaque année, aux réceptions du premier jour de
l'an, le Bâtonnier de l'ordre des Avocats, assisté des membres du Con-
seil de discipline.
   Ce jour-là, comme si sa pensée se reportait vers ses brillants débuts
au Barreau, le premier Président, sans quitter ces sommets élevés où se
plaisait son éloquence, donnait à ses paroles des accents plus pénétrants
et plus émus. Aussi lorsque j'évoque son souvenir, c'est dans ce cercle
plu£ intime, où son cœur se livrait plus librement, que j'aime à le
revoir encore, parce que es jour-là on retrouvait mieux l'homme sous
le magistrat.
   Ajoutons qu'au récit de la vie du premier Président se mêlent, dans
ce Eolume, plusieurs épisodes d'un grand intérêt, qui jettent un jour
tout nouveau sur certains événements de notre histoire contemporaine.
   Tel est notamment le récit de la mission confiée au procureur général
Millevoye, pour organiser les services administratifs et judiciaires de la
Savoie, au lendemain de l'annexion.
   Tel est aussi le souvenir du dévouement du jeune avocat, pour un
homme politique, dont le nom a été rappelé souvent, à l'occasion des
événements actuels et sur lequel l'auteur nous révèle des détails ignorés
et touchants, qui doivent inspirer à tous plus d'indulgence et de pitié
pour une grande déchéance.
   Ces épisodes, d'ailleurs, ne sont point des hors-d'eeuvre; ils se rat-
tachent intimement au sujet lui-même et contribuent à nous faire con-
naître, sous une forme saisissante, toutes les qualités de cœur et d'esprit
du premier président Millevoye.

                                                    A.   VACHEZ.