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                         J.-B. ONOFRIO                          57

    N'a-t-on pas dit encore aussi justement que « tout
«   trahissait en lui l'âme honnête au service de la vérité et
«   lui assurait, dans la délibération de la Cour, une autorité
«   d'autant plus aisément acceptée qu'elle était toujours
«   respectueuse de l'opinion d'autrui (2). »
    Et il en fut ainsi jusqu'au jour, où, par un scrupule de
conscience, dont on trouverait peu d'exemples, il devança
lui-même, de près de deux années, l'heure de la retraite.
    Je viens de parler du magistrat et je n'ai rien dit encore
de l'érudit et du lettré. On ne saurait pourtant négliger ce
côté de son talent.
    Dans les fonctions les plus graves et les plus sérieuses, il
faut à l'esprit certains délassements. Et personne ne nous
l'a mieux montré que nos vieux juristes du xvie siècle,
qui savaient, à l'occasion, oublier dans les distractions
littéraires les plus enjouées, des travaux d'un ordre plus
austère.
    Onofrio avait ainsi montré d'abord combien son esprit
souple et pénétrant savait aborder les points les plus obscurs
de nos anciennes institutions, quand il retraça, dans le dis-
cours de rentrée du 3 novembre 1853, l'histoire de l'orga-
nisation judiciaire sous l'ancien régime et de celle qui lui a
succédé, depuis le commencement de ce siècle.
    Plus tard, en observant les données lumineuses et
fécondes que peut fournir à l'historien et à l'archéologue le
vieux langage de nos pères, auquel est donné dédaigneuse-
ment le nom de patois, il s'était livré avec une attention
soutenue à l'étude de tous les vocables de l'ancien idiome
lyonnais qu'il put retrouver dans des documents imprimés


  (2) M. Baudoin, avocat général à la Cour de cassation. Discours de
rentrée du IJ octobre iS^2.