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328 . LES MANUSCRITS Bien que les livres eussent pris des bains complets de plu- sieurs heures, ils ont résisté et pas un seul ne" périt. » Mais M. Monfalcon aurait pu ou dû ajouter « beaucoup sont, maculés et moisis. » Les Manuscrits de la Bibliothèque de la Ville sont de tous les âges et de toute provenance. On peut aussi dire d'eux « habent sua fata libelli » ; ils ont le triste avantage d'avoir chacun leur histoire, et le Destin leur a été souvent peu propice...., plus d'un a traversé les plus cruelles épreuves et porte la trace désastreuse d'incendies dont les flam- mes et l'eau ont léché et entamé même leurs tords. Plusieurs Lyonnais leur ont consacré quelques pages, mais ont-ils bien connu leur origine et on peut se demander même s'ils ont eu l'aptitude nécessaire pour les décrire ? D'après les lambeaux de documents qui nous restent, il est certain que lorsque les P. P. Jésuites entrèrent en posses- sion, en 1565, du Grand Collège de la Trinité, fondé par la Ville, en 1529, ils se formèrent aussi une bibliothèque- C'était environ 92 ans après l'importation de l'art de l'im- primerie à Lyon par Buyer. Les presses, mises en mouve- ment par de très-habiles ouvriers, fournirent, en peu de temps, une énorme quantité de livres, et Lyon devint l'un des marchés les plus importants de la librairie. Il y eut un Nous nous demandons aussi si la Ville, malgré les incessantes réclamations du Comité des Bibliothèques et des Archives de Lyon, ne se décidera pas enfin à assigner à nos manuscrits et à nos incu- nables un local plus convenable et moins dangereux ? Ces deux cabinets avaient été construits par les P . P . Jésuites, pour y placer leur médaillier et leur collection d'antiques qui avaient peu à redou- ter de l'absence de la lumière et de l'humidité, mais conçoit-on qu'on enfouisse des livres et des manuscrits dans de semblables réduits où ils sont journellement menacés d'être détruits par un incendie, sans qu'on puisse en sauver un seul et que, pendant six mois d'hi- ver, ils restent dans une constante humidité qui leur est si fatale ? La Ville dépense des centaines de mille francs pour construire des Ecoles monumentales pour que les enfants apprennent à lire, et elie laisse pourrir les livresque ces mêmes enfants seraient peut-être si heureux de lire et d'étudier plus tard.