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              JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS                 189

plus jeune de tous les colonels nommé le marquis de Pons
qui a épousé Mlle de Brosse et qui n'a que quinze ans (1).
   Il était ces jours passés à la table de ses père et mère et
ne mangeait pas ; on lui demanda s'il avait déjeuné, il
répondit que non; son gouverneur prit la parole et lui
dit qu'il était infâme à un homme comme lui de mentir et
dit à ses parents qu'il était vrai qu'il avait déjeuné à
l'Académie de Vandeuil.La mère, outrée du mensonge, le
fit sortir de table et l'envoya aux arrêts dans sa chambre
avec défense de voir sa femme de deux jours, La petite
femme, qui ne voulut point partager la peine, n'ayant pas
eu de part à la sottise, trouva le moyen de faciliter à son
mari une entrevue, et la mère ayant été avertie, sut qu'ils
étaient ensemble, et comme c'est une des plus vigou-
reuses et des plus impérieuses mères du royaume, elle
se munit de la moitié d'un balais et ayant appelé son
mari pour assister à la cérémonie, elle fut droit fers le
coupable qu'elle étrilla très-proprement. Cette aventure
qui, par l'indiscrétion des domestiques, a éclaté dans
Paris, a jeté le ridicule sur le pauvre flagellé qui n'ose
plus paraître.
    M, de Broglio fut avant-hier à Versailles et a été mieux
reçu du roi qu'on ne croyait et a dîné avec le cardinal.
C'est às^n frère l'abbé qu'il doit l'honneur de cette visite
dont on avait résolu l'exclusion et que Madame la maré-
chale de Broglio avait demandé inutilement ; mais l'abbé
plus enronté qu'une femme, dit au roi : « Sire, mon frère
est arrivé, il se flatte qu'il lui sera permis de venir saluer
S. M. Ses ennemis lui veulent persuader que vous lui

  1 Louis-Henri de Pons d'Hostun, marié le 1" septembre !734 à
Angélique de Tiercelin de Brosses, mcrte sans enfants en 1766. Sa
mère était Charlotte d'Hostun de Gadagne, veuve d'abord du marquis
de la Baume.