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               DE LA BIBLIOTHÈQUE DE LYON                      335

sans nul doute, de l'antique abbaye de l'Ile-Barbe, assise sur
un roc au milieu.de la Saône.
   « Le lieu même de cette île, dont le silence et la quiétude,
sont si propres à la méditation, a dit le Laboureur dans ses Ma-
sures de l'Ile-Barbe, prouve que ses habitants, qui ne pou-
vaient s'adonner aux exercices corporels et au travail de s
mains dans un espace aussi étroit et aussi aride, étaient obli-
gés de chercher quelque autre emploi et de s'appliquer à la
lecture et à l'écriture des bons livres. » Mais l'œuvre des
pieux reclus fut singulièrement accrue par les largesses de
Charlemagne. Leidrade, l'un de nos plus grands archevêques,
était l'ami et le missus dominicus du puissant empereur,
vainqueur des Saxons et des Lombards et le restaurateur des
lettres et des sciences dans ses vastes états. Il donna à Lei-
drade, quiles déposa dans la Bibliothèque de l'Ile-Barbe, un
grand nombre de manuscrits de la plus grande valeur et
dont je parlerai plus loin. Pendant sept siècles, cette Librai-
rie s'accrut, chaque année, jusqu'au jour fatal où, en 1562,
le trop célèbre baron des Adrets y porta le fer et le feu.
   « Tous nos meilleurs titres furent brûlés ou dérobés et nos
maisons réduites en cendres. » Toutefois, l'abbé Antoine
d'Albon en fouillant, un jour, dans les ruines laissées par
les Calvinistes, put retrouver un certain nombre de manus-
crits qu'il porta au trésor de la cathédrale, mais on n'en con-
naît pas le nombre ni les titres, d'une manière bien exacte,
car on n'a pas encore pu retrouver le catalogue de la biblio-
thèque de cette cathédrale. On a essayé, il est vrai, de se ren-
 dre compte de la quantité des manuscrits en lettres onciales
 que Antoine d'Albon a pu sauver des ruines de l'Ile-Barbe et
 M. Monfalcon a avancé qu'il en existe quatorze; mais, ajou-
te-t-il, la détermination de l'âge des manuscrits en lettres
 onciales (1) provenant de la bibliothèque de l'abbaye de l'Ile-



  (1) Lettres onciales, litterae onciales, mot qui signifie la dou-
zième partie du pied romain ou un pouce. Ces lettres n'ont guère
été en usage que jusqu'au vii t siècle.