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. LES AFFANEURS 491 chambre par son père) arrache la clef à la chambrière qui lui apporte à manger et l'enferme à sa place. Arrivé dans la campagne, le fugitif aperçoit un ahannier, ou valet de son père, qui laboure la terre avec une charrue attelée de deux chevaux » Ici l'auteur met une note à propos du mot ahannier. « Ahannier, du mot ahan, qui exprime la fatigue poussée jusqu'à l'épuisement. Cette belle et pittoresque expression,pour désigner un cultivateur, est employée par Cuvelier.(T. 1, p. 13 V. 250 et 254.) Trouva un ahannier qui la terre ahennoit, Deux jumens de son père li ahennier menoit. » Nous ferons remarquer que jusqu'à la fin du siècle der- nier, le terme de han était encore en usage dans le parler ordinaire, les conversations familières. En écrivant l'un de ces romans quelque peu licencieux et impies , et qui pour cette raison fit les délices de nos grands-pères, Pigault-Lebrun a intercalé ce han, dont il a fait le sujet d'un épisode de cet ouvrage. Il raconte qu'on avait précieusement recueilli dans une fiole tous les hans que saint Joseph poussait en travaillant à son métier de charpentier. Cette fiole, déposée plus tard dans un sanctuaire, était devenue, dit le sceptique roman- cier, un objet de dévotion fort à la mode un certain temps, et fort efficace pour certaines affections. Depuis l'apparition de ce roman, le han de saint Joseph a formé une de nos locutions populaires pour faire allusion à tous les états qui nécessitent des efforts éner- giques. ^ Curieux enchaînement d'idées!.. Qui aurait jamais pensé à saint Joseph et à Pigault-Lebrun, au sujet d'une simple étude sur les affaneurs de notre antique cité de Lyon! L E BARON RAVEEAT.