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270             JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS
    On a jugé au Parlement, ces jours passés, l'affaire du
curé de la Magdeleine au faubourg Saint-Honoré, dont
j'ai eu l'honneur de vous parler, et les sollicitations de ses
paroissiens n'ont pas été inutiles, le curé ayant été con-
servé dans son bénéfice. Jamais il n'y a eu tant de joye pour
un procès gagné que pour celui-ey. Mille poissardes rem-
plissaient la grande salle de cris et d'acclamations dont
elles accompagnaient les timbales et les trompettes qu'elles
avaient à leur tête. Au sortir du Palais, elles furent don-
ner une sérénade à M. 1$ premier président et allèrent en
triomphe dans la cour de l'archevêque apprendre à ce pré-
lat, toujours les timbales et les trompettes à leur tête, la
victoire qu'elles venaient de remporter et lui demandè-
rent la permission de faire chanter un Te Deum, qui fut
 exécuté avec toute la pompe digne du zèle dé ces bonnes
femmes et qui a été accompagné de feux d'artifice, déboî-
tes et de toutes les démonstrations que la joie la plus vive
peut inspirer.
   On a donné hier à l'Opéra les Filles de Thalie (1 ) de Mou-
ret qui promettent le même plaisir à la reprise qu'elles
donnèrent dans leur nouveauté. La Comédie Italienne
a imaginé, pour se procurer des spectateurs, de faire pa-
raître dans une pièce que Bomagnezi a composée exprès,
sous le titre de Conte de fée, un géant qui a 7 pieds 5
pouces (2), et qui, par la singularité du spectacle, leur at-
tire tout Paris, à côté d'un nain de trois pieds de hauteur.
On donnera la semaine prochaine à la Comédie Française
la tragédie à'Abensaïd de l'abbé Le Blanc. Je vous envoie
une parodie du Pas de six de M. de Pont de Vesle(3) qui
est singulier, par la difficulté de son exécution.


  (1) Opéra-ballet de de la Pont et Mouret, joué en 1714,
  (2) Le géant était représenté par un Irlandais haut de 6 pieds 8 pou-
ces 8 lignes, pesant 450 livres.
  (3) Le célèbre ami de M""0 du Deffand.