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290 UNE FEMME MURÉE chéri, est-ce bien toi que je presse sur mon cœur, dit la comtesse en se jetant dans ses bras; ce moment me dédommage de toutes mes souffrances ! Roger et Emma tout au bonheur de se retrouver ensemble oubliaient le rôle que le jeune chevalier s'était imposé; on pouvait les voir, deviner leur secret. Mais la prudente Gabrielle comprit tout le danger, et les conduisit dans son appartement. Roger connaissait trop l'aimable fille par les éloges qui retentissaient partout sur ses vertus pour ne pas lui exprimer toutes ses sym- pathies, toute sa reconnaissance. — Vous êtes l'ange gardien de mon Emma, lui dit-il, c'est à vous que je dois le bonheur de la revoir, vous avez soutenu cette fleur languissante, vous lui avez donné une sève nouvelle; elle et moi vous en bénirons à jamais. — Je suis heureuse aussi de vous connaître, répondit Gabrielle; que de fois avec mon amie avons-nous parlé de vous, de vos vertus; mais au nom- du ciel, seigneur Roger, soyez prudent; mou père est le plus jaloux des hommes !... Mieux vaudrait s'exposer à sa colère, en lui apprenant que vous êtes le fils du seigneur de la Roche, que de laisser entrer dans son cœur un doute injurieux pour Emma. Le soir approchait, déjà on entendait résonner le cor des écuyers. Les dames s'occupèrent de leurs toilettes. La comtesse couverte de brocard, de dentelles de Flandre, de bijoux précieux, et Gabrielle dans tous ses atours s'avancent dans la cour d'honneur, pour le retour de la chasse ; de belles dames arrivèrent en grand nombre, les unes sur leur palefroi, d'autres dans des litières entourées de pages et de varlets.