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               JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS                    275

de M. de Pérignan ('!), son neveu, au duché de Fleury
qu'il vient d'ériger en sa faveur.
   S. M. a écrit de sa main à M. de Maurepas qu'il avait
depuis longtemps l'intention de donner à M. le Cardinal
cette marque d'amitié et qu'il le chargeait de le lui ap-
prendre à Issy où il était. M. de Maurepas partit sur-le-
champ pour porter cette nouvelle au prélat qui pleura
beaucoup de joie et de reconnaissance, et s'étant rendu
sur le-champ à Versailles, auprès du roi, pour le remer-
cier, il voulut lui prendre la main pour la baiser, mais
le roi la retira et embrassa très-tendrement M. le Cardi-
nal qui lui fit une seconde édition de larmes encore plus
touchante que la première. Ce qu'il y a de bien certain,
c'est que tout Paris a vu cette élévation avec plaisir, et
la cour sans envie et sans murmures.
   M. le Cardinal en fit part sur-le-champ à l'archevêque
de Paris, en l'assurant que ce qui l'avait le plus flatté
dans la grâce dont S. M. venait de l'honorer, était qu'elle
était venue de son mouvement et qu'il n'avait jamais té-
moigné au roi la moindre chose qui pût approcher du dé-
sir qu'il pût en avoir; aussi fait-on dire au roi que c'est
la seule chose qu'il ait faite où il n'ait pas eu besoin de
conseil.
   Roy a été chargé avec le musicien Francceur de com-
poser un opéra qui sera exécuté à Versailles dans le ma-
nège de la grande écurie, où l'on va dresser un théâtre
pour l'y exécuter : on préparé aussi de grands divertis-
sements à Paris, des feux à la ville et un le Deum à
Notre-Dame pour la paix ; on en a déjà fait la répéti-
tion.


  (1) Jean Hercule de Rosset, marquis de Pérignan et de Rocozel,
chevalier des ordres, gouverneur de Lodève, mort en 1748. Les lettres
d'érection sont du mois de février 1736.