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                    UN POEME CHINOIS                   227

demi milliard d'individus. Cette langue renferme, dans
sa contexture, tous les germes des sciences diverses ;
la géographie y occupe une place considérable. On ne
peut ouvrir un seul livre des anciens écrivains de cet
empire lettré, poètes, historiens, encyclopédistes, litté-
rateurs, sans y trouver la trace des plus anciennes
connaissances géographiques.
    J'avais cru rendre service à notre littérature, en fai-
sant connaître les travaux de M. le marquis d'Hervé de
Saint-Denys, intitulés: Essai sur Vhistoire poétique de
la Chine, description de l'époque de la dynastie des Tang,
apogée de la littérature chinoise (Tang-shi), aux vn e et
vin8 siècles de notre ère, précédée d'une étude sur l'art
poétique chinois, et suivie de notes explicatives, où
les sciences même naturelles, où la géographie surtout,
tenaient un rang important.
    Je m'étais hasardé à rechercher, parmi les poètes chi-
nois, des points de ressemblance avec nos grands écrivains
de l'antiquité en Occident : Homère, Pindare, Virgile ;
j'avais cité des exemples tirés des chants sublimes du ly-
rique Tou fou, des spécimens remarquables de l'Horace
chinois, dans la personne de Li-taï-pé; j'avais été. jus-
qu'à faire-des rapprochements, entre les œuvres essentiel-
lement originales des poètes de l'Empire Fleuri Hoa-Kive
et les productions capitales des représentants de l'école
 occidentale, classiques et romantiques, depuis J.-B.
 Rousseau, Racine et Boileau, jusqu'à Byron, Klopstocket
V. Hugo. Une excursion, fût-elle aventurée, au Parnas-
 se si peu connu de l'empire céleste Tien-hia, ne vaut-
 elle pas de continuelles redites sur le domaine fouillé et
 refouillé des dieux de l'Olympe païen, ainsi que les in-
 terminables apothéoses des grands écrivains de Grèce et
 de Rome''
    Eh bien '. croit-on que le personnage chargé d'exa-
 miner mon travail, et de consulter l'ouvrage que j'avais,
 visé à faire connaître, ouvrage que je lui avais soumis,
 afin de le mettre bien à même de juger la question, croira-
 t-on que ce personnage, offrant dans les lettres une cer-
 taine prépondérance, sans se préoccuper, ni des efforts
 laborieux et consciencieux de l'écrivain, ni de l'impor-
 tance du sujet, ni du mérite intrinsèque de l'ouvrage, ré-
 pondit avec une légèreté peu dig'ne d'un docteur, que :
  « La littérature française n'avait rien à apprendre des
  Chinois! » .