Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                      *




                     UNE FEMME MURÉE                     431

l'abbaye des Bernardines de Seyssel. Ma tante, l'abbesse
t'occupera dans son monastère.
   Le lendemain Gaspard de Mornieux, sans aucun souci
du drame affreux de la veille, voulut que sa fille chantât
et jouât du luth devant lui, et ayant reçu la visite de
plusieurs gentilshommes du Dauphiné, ils chassèrent en-
semble, puis partirent pour Grenoble où ils devaient sa-
luer le gouverneur du Dauphiné.
   L'occasion favorable qu'attendait Gabrielle, pour faire
évader son prisonnier, se montrait donc plus tôt quelle ne
l'avait espéré. Munie d'un costume de femme, d'une coiffe
épaisse surtout, elle l'en affubla dans son cachot, au milieu
de la nuit. Ensuite le père Athanase conduisit le malheu-
reux par la poterne à quelque distance du manoir ; il arri-
va sans être reconnu au monastère où la bonne abbèsse
lui donna un emploi.
   C'était ainsi que la charmante fille de Gaspard de
Mornieux passait sa vie, occupée de bonnes œuvres et
réparant autant que possible les injustices de son
père.
                           III.
LA COUR DE PHILIBERT-EMMANUEL ET DE MARGUERITE DE
                          VALOIS.

  Gabrielle avait repris sa douce gaieté. Le printemps
commençait; elle parcourait les prairies, cueillant les
violettes, les primevères, chantant avec les oiseaux,
écoutant îe gazouillement des ruisseaux, et bénissant le
Dieu de la nature de tous ses bienfaits.
  Elle parcourait une vallée charmante sur les bords de
la Seran, jolie rivière qui arrose la grande prairie et
porte, sous les hauts créneaux du manoir de Rochefort,
ses eaux dans le Ilhône rapide. La jeune châtelaine