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122              DE ROANNE A LA PRCJGNE

entré,dit le sacristain sonneur, dans le métal des cloches.
Ainsi, soir et matin nous serons salué dans notre cham-
brette par les tintements de l'Angélus. L'aile religieuse
de notre pensée planera sur cette belle nature de la
montagne où nous sommes venu retremper notre vie
fatiguée de malaises physiques et brisée d'émotions.
Nous aurons sous les yeux un homme vrai, un ami. Der-
rière la maison, à contre-mont, est le jardin: moitié
carrés, avec une allée large à dire le bréviaire, moitié
roches et broussailles ; un filet d'eau coule des hauteurs
dans un acheneau de bois et s'en va murmurer dans un
bassin bordé de plantes rares : veratrums, martagons; à
l'autre bout, une cabane de planches et de chaume tapis-
sée dehors de chèvrefeuille, dedans, d'images "représen-
tant des saints, des madones, des vitraux et ornements
d'églises ; à terre, d'énormes échantillons de minéraux;
la science et la piété ; un rocher de granit, le pied caché
dans les framboisiers, les sureaux et_les fougères mâles
porte un vieux saint Roch et deux anges de bois peint,
voilà notre douce retraite. Il y fait bon et beau, lors-
qu'aux heures premières du jour, ou bien le vêpre du di-
manche, assis sur le tertre et l'âme recueillie, on entend
d'un coin du jardin, d'une touffe d'herbes, monter des
 chants et des psaumes ; l'église est dans une grange
basse dont le toit est à niveau des carrés de fleurs ; le
prêtre officiant récite les prières d'une voix murmurante:
 ou bien les paysans psalmodient ; hommes et femmes,
 en deux chœurs, versets et répons! Quelle musique,
 Quelle harmonie! les oiseaux accompagnent, le vent
 soupire !
   Un petit bosquet de chênes dans les pierrailles domine
le jardin et la cure. Quand le curé Jacques prit posses-
sion de la pauvre maison, il sacrifia de suite les arbres