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DE KOANNE A LA PRUGNE 123 un peu gros réservés au chauffage dans ce pays si froid, il y trouva quelques chevrons pour l'église neuve qu'il rêvait de construire; l'église est achevée des deniers de la fabrique, des collectes, des charrois, la mairie n'a pas donné un sou. Le vaisseau est élégant, clair, commo- de, en bons matériaux; grand surtout, il le faut pour une paroisse où la population tend à augmentera cause de l'exploitation des mines. Jugez des travaux, des sou- cis, de la besogne du curé et de son vicaire. — « Un tel! tu me dois un charroi, il nous faudrait du sable, mon vieux ! — Eh! mon foin, non deD.,. j'ai promis mon char au voisin, mon bétail est malade ! Du sable, j'en connais* de bon et bien lavé (c'est chose rare en ce pays rocheux où il n'y a que le gore, gros gravier de granit décomposé) du sable ! si vous voulez le mener vous-même, sauf votre respect, Monsieur le curé ! vrai j'ai mon foin à terre. — Et toi, Fradin ou Laurent, (les deux noms les plus répandus à la Prugne) où est l'arbre que tu dois ame- ner ? — Au bois. — Amène-le, sans tarder... — Oh! mes bouviers me manquent de parole, nous n'avons plus de petites pierres, plus de chauxjamais nous n'aurons terminé... — Allons, Claude, ton charroi ! — Eh! mes foins, mon brave Monsieur le curé. — J'espérais, quand Monseigneur est venu donner la confirmation, lui voir inaugurer mon église pas du tout, il faisait un temps de loup ; le vent jetait la pluie à tra- ,vers les baies sans vitres. Il faisait froid et humide.. et toi, petit, écoute tqut bas à ton oreille: pourquoi vas-