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DE ROANNE A 1A PRUGNE 65 comme l'or, un homme de voyage et de grand savoir qui parle l'espagnol. connaît les vieilles routes romaines et m'a dit tous les passages, les limites, les chemins par où, de province à province, jusqu'en étrange pays, passaient à dos de mulets marchands gaulois et romains ! Selon un usage ancien, un bon dixième de la population de la Prugne émigré, bon an mal an, cela s'appelle aller aux sabots, parce qu'ils sont tous sabotiers comme les habi- tants de Saint-Nicolas dans la môme contrée. Ils vont s'établir dans les coupes ! et bâtissent à même Leurs loges ; le toit à deux pentes ou bien adossé contre un roc est fait de branches ; au dessous le palier plancher en- trelacé portant sur les picotes ou fourches. Devant, le grand recoche à deux ouvriers porte sur quatre jambes de tréteaux ; le sabot fixé par des coins dans les entailles se façonne avec Yibron, la coudeuille à vis, Yessole et 'ébovcle : vous voilà bien renseignés ; puis on le vernit à la fumée, sabot roussiot sur les bas Meus des monta- gnardes ! vous riez, belles dames, eh ! bienpleurez main- tenant! sur un feu de genêt sec, jetez feuilles de verne tant et plus, bien ! avec ce brin de chanvre liez les sabots par paires à cheval sur un bâton couché sur des picotes,.. une acre fumée pénètre ce bois de Jayard vert, le brunit, l'enduit d'un vernis d'empyreume. Atchi ! . . . pleurez beaux yeux, et vous, bergers, clic, clac, cloc ! à la bour- rée ! il faut que le sabot roux se trémousse, clic, clac et cloc ! Dr Frédéric NOËL AS. (A suivre.)