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54 DE ROANNE A LA PROGHE verbes. Bah ! les amis de la montagne nous attendent ce jour-là ; allons toujours : Si le soleil monte bien et chasse pou à peu la brume grise, ce sera superbe! après la Saint- Jean. Alors les nuages s'élèveront sombres, avec des bords roulés, frisés, amoncelés et menaçants, mais sans orage pourlajournée. La montagne d'abord couverte accrochera ses pics, ses rocs, ses aspérités aux nuées pour les déchi- rer et chercher l'azur : un rayon flamboyant ouvrira la voûte bleue ; il y aura de grandes ombres courant sur les plaines et des jetées de lumière variant avec le souffle du vent ; tel sommet de pourpre noire plongera dans la vallée lumineuse, tel bois brillera sous le luisant de ses feuilles et la rivière de Besbre, d'argent étince- lant baignera le pied des bois noirs de Montonsel ! Au bout d'une petite montée, la chapelle de l'antique paroisse de Saint-Léger dresse flèche de bois, clocheton neuf sur un oratoire abandonné; la paroisse actuelle est à l'ancien prieuré de Pouilly-les-Nonains ; les habitants de la section ont utilisé les fonds qu'ils avaient à part dans ce petit monument d'un orgueil légitime et inutile pour en priver l'église rivale de leur chef-lieu de com- mune. A cette haure, un terrassier fouille dans le cime- tière délaissé ; un crâne rit sous sa bêche; quelques pierres tombales alignent des inscriptions : trépassés de Pierreâte, de Couzan perdus aux brouillards éternels, noms illustres qui s'effacent! Au temps de notre enfance, on arrivait à Saint-Léger par un chemin creux, étroit, une crase tortueuse embarrassée de souches de rouvres noueuses, caverneuses, pleines de peur ; puis tout d'un coup, le regard effaré se jetait sur la corniche romane où grimaçait une rangée de têtes de morts, qui, bien que depuis longtemps l'église ne servît plus au culte, resté-