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              L'ÉPIDÉMIE DE I709, DANS LE BEAUJOLAIS               375

 mortalité annuelle oscille entre 100 et 130, une moyenne de huit à
 dix décès par mois, proportion déjà considérable pour une popula-
 tion de 2,200 habitants.
    Dès les premiers mois de Tannée 1709, cette proportion est déjà
 sensiblement plus élevée. On trouve, en février, dix-sept décès; en
 mars, vingt-huit; en avril, quatorze; en mai, dix-neuf. Jusques-là,
 on peut ne voir qu'une recrudescence saisonnière, mais au mois de
juin, ou reconnaît l'action non douteuse d'une cause morbifique
puissante. La mortalité monte à quarante. Elle s'élève à quarante-
 quatre, en juillet; à soixante-neuf, en août; à soixante-dix-sept, en
 septembre. Puis elle redescend graduellement les mois suivants à
 quarante, puis à vingt-neuf, et enfin à vingt-huit, au mois de dé-
 cembre. A cette époque, l'épidémie paraît éteinte, et les premiers
 mois de l'année 1710 n'accusent que l'élévation habituelle pendant
l'hiver. Néanmoins le nombre des décès, en 1710, est encore de
cent trente-cinq, chiffre supérieur à celui des années normales et
considérable pour une population qui devait être réduite à la fin de
cette année à un millier d'habitants.
    Les révélations précises, mais laconiques, du registre mortuaire
 et la déclaration du lieutenant-général sur la proportion de la morta-
lité, sont les seuls documents fournis par les Archives de la ville.
    Jean-Baptiste Mercier, le doyen des médecins de Villefranche,
fut une des premières victimes de la maladie. Il ne restait, pour
lutter contre le fléau, qu'un jeune médecin, Jean-Baptiste Martini,
assisté de deux ou trois chirurgiens. Il la combattit en praticien
intrépide et l'étudia en savant.
    Au mois de juin, les habitants appelèrent le célèbre Pierre Gar-
nier, médecin de l'Hôtel-Dieu de Lyon, pour joindre ses lumières à
celles de Martini. Pendant le court séjour qu'il fit à Villefranche,
Pierre Garnier fut atteint par la maladie qu'il était venu combattre,
et mourut bientôt après, à Lyon, le 4 juillet suivant.
    Au nombre des personnes notables, enlevées par l'épidémie,
figurent, avec noble Jean-Baptiste Mercier, docteur en médecine,
âgé de soixante-cinq ans, qui fut enterré dans l'église collégiale de
Notre-Dame-des-Marais, « proche l'autel de ladicte Nostre-Dame; »