Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
372                       LA REVUE LYONNAISE

d'autres calamités qui écrasaient le peuple, a laissé peu de souvenirs,
et, à part les écrits perdus aujourd'hui du médecin qui lutta contre
lui, les contemporains donnent sur ce sujet à peine une ou deux
mentions laconiques. Pourtant, dans les registres mortuaires, les
chiffres parlent avec une terrible éloquence.
   Pour apprécier les effets de cette épidémie, il faut examiner quels
étaient alors la situation économique et sanitaire de la ville, le chiffre
de sa population, et remonter à quelques années en arrière.
   Vers la fin du xvne siècle, on n'était pas heureux à Villefranche.
La petite ville industrielle subissait tous les effets d'une guerre désas-
treuse : anéantissement du commerce, impôts excessifs, mesures
financières ruineuses, altération du taux des monnaies, création
d'offices inutiles et vexatoires que les habitants rachetaient pour les
supprimer. A ces maux s'ajoutait l'insuffisance répétée des récoltes.
En 1693, la ville éprouve une disette assez grande pour nécessiter,
de la part du Corps de ville, l'emploi de mesures arbitraires, l'établis-
sement d'un maximum pour le prix des grains et les réquisitions
forcées pour les moyens de transport.
   Dans l'assemblée du 20 mars 1693, il est arrêté par le maire et
les échevins, « attendu la cherté extrême des grains et la disette qui
s'en trouve, de profiter de la bonne volonté de quelques honnestes
gens de ceste ville, tant officiers que bourgeois et marchands, qui
ont offert de l'argent pour achepter du bled, froment et seigle, ce
qui sera faict soubs le nom desd. srs eschevins, lesquels feront
revendre lesd. grains, sans aulcun profit, à la grenette de ceste
ville; et, comme il y auroit de la peine à trouver des grains qu'à un
prix exhorbitant et des voitures pour les conduire en ceste ville,
qu'on emploiera l'autorité de Mrs les officiers et magistrats clu bail-
liage, pour obliger les particuliers qui auront des bleds d'en fournir
à un prix raisonnable, sur le pied à peu près qu'il s'est vendu le der-
nier mois, et de forcer tous les particuliers qui auront des charettes
et chars à bœufs ou à cheval d'en fournir moyennant salaire comp-
tant. » (1).

  (1) Archives communales, BB 8.