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286                      LA REVUE LYONNAISE

status Ecclesiae, imprimé à Lyon en 1616, in-fol., écrit à la page 5 9 3 :
Ludovicus I, cognomento Pius. Notre vieux mot « débonnaire » n'est
que la traduction du latin pius, qui veut dire : « facile à pardon-
ner. » Moréri dit de même : « Louis I, surnommé le Pieux et le
Débonnaire. »
   L'historien moderne du Beaujolais prend évidemment pius pour
synonyme de sanctus. La différence est immense pourtant.
   L'Église, en décorant ses héros de l'auréole des saints, ne leur
donne jamais le titre de « pieux; » mais, à des degrés divers, ceux
de « saints » et de « bienheureux : » beati, sancti.
   Pius n'a pas le même sens que sanctus. Pius exprime des qualités
naturelles et des vertus humaines. Le Dictionnaire latin de Noël
traduit ainsi ce mot : « Pieux, affectueux, tendre, bon, doux, trai-
table, religieux. » Le peuple de la vieille Rome était religieux jus-
qu'à la superstition, quoique payen. Dans le langage et la pensée
de l'Église, sanctus est réservé aux vertus surnaturelles et héroïques
du grand chrétien.
   Pour le maigre plaisir de déposséder Louis le Pieux ou le Débon-
naire, on amoindrit donc, sans y songer, l'auréole divine de saint
Louis.
   M. de La Roche la Carelle continue :

  « Bien d'autres souverains, nous le savons, ont reçu le titre de
« pieux, » mais toujours accompagné de ceux de « très grand, » —
« très puissant. »

   Cette accumulation d'épithètes sonores et orgueilleuses ne se
rencontre guère que chez les empereurs païens de la vieille Rome,
et plus particulièrement chez ceux qu'un décret du Sénat avait
honorés de la couronne radiée, et mis au rang des dieux. La formule
de Louis I était celle-ci : « Hludovicus, divina ordinante Providen-
tia, imperator, augustus ; » et la voix des seigneurs, du peuple et de
la postérité l'a toujours appelé simplement et chrétiennement : « Lu-
dovicus cognomento Pius ; » Louis surnommé « le pieux, » syno-
nyme de notre vieux mot « débonnaire. »