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 i8o                      LA REVUE LYONNAISE

   Mais, comme tous les grands phénomènes de ce monde rappellent
constamment au poète ceux d'un ' monde supérieur, il se hâte
d'ajouter :

            Mais, plaisante Lumière, et toy, Nuit favorable,
            Las! qu'estes-vous, au prix de la clairté durable
            Et du repos sans fin dont jouysseut ez cieux
            De la sainte Sion les bourgeois glorieux?

   En racontant la création des esprits célestes, Gamon fait quelques
réflexions fort sages sur ceux qui prétendent connaître tous les
secrets du personnel d'en haut. Il pense que les anges furent créés

                                              pour estre
            Les fidèles légats de leur fidellemaistre;
            Pour plus viste accomplir son arrest prononcé,
            Que ne court dans l'air vague un trait roide poussé ;
            Pour mouvoir du ressort dont fait la grande roue
            Qu'en terre, en l'air, en l'eau, on marche, on vole, on noue;
            Pour toujours le respect au front porter escrit,
            En leurs gestes l'honneur, l'amour en leur esprit.


  A propos de la révolte des mauvais anges, le poète lance un trait
contre l'ambition, cause de leur catastrophe :

           La vaine ambition, si l'on ne la retranche,
           Comme le tors sarment, gravist de branche en branche,
           Veut voler sur les vents, ez nuaux se percher,
           Et sur le dos du ciel les astres chevaucher.

   Dieu précipite les mauvais anges dans l'enfer. Mais qu'est-ce que
l'enfer? Gamon passe en revue et rejette une foule d'opinions diffé-
rentes émises sur le séjour des méchants. Il combat l'idée si haute-
ment philosophique de du Bartas qui avait dit

           Que l'enfer est partout où l'Éternel n'est pas.


  Il cherche à prouver que, dès qu'on admet un lieu de délices pour