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LA VIE ET LES OPINIONS DE CHRISTOPHLE DE GAMON I23 Par ses gringuenotis, nous retourne avertir Du retour du Printems, pour gayment ressortir, (Suivant des limaçons les façons printanieres) Nostre cœur du chagrin, nos corps de leurs tasnieres, A cette vagabonde un ordinaire soin Est maintenant prézent, pour le futur besoin. Car elle apreste aux siens d'une sorte gentille Un logis demi-rond, qu'elle maçonne habile De son bec architecte, et son double aileron Sur le flanc maisonnier d'un charpenté chevron On entend les oyseaux en leur divers ramage Fringoter à l'envi dedans le vert bocage. La haute philomèle à l'argentine voix, Fait retentir les monts, les valons et les bois. Ore en se desgoisant elle abaisse hautaine Le rumeur ondelant d'une fraîche fontaine, Ft perchée en un saulx, par son tintin plaisant, Rend l'air plein de fredons, vous de tristesse exemt : Or d'un buisson fraizé de jeunettes verdures, Dit aux simples oyseaux toutes ses avantures L'agréable ne fait pas oublier l'utile au poète. Après avoir célébré les chantres poétiques de l'air, il s'occupe^des jardins « mesnagers : » Qui çà qui là , les courbes jardiniers Vont semant les choux blancs, les humides pourpiers, Le flairant basilic, les pastenades blanches, L'anis et le fenouil aux odorantes branches. On revoit espanir par l'éclair du soleil Es buissons odorants la rose au front vermeil... Il n'était guère possible de parler de la rose sans comparer sa courte durée à celle de la vie humaine. L'Immortel a voulu que la mortelle vie Pour nous donner plus d'heur, nous fust bien tost ravie : Et le peu que ça bas nous jouissons du jour Comme la rose briesve a l'espine à l'entour. Le poète qui, on le sait, est fort disposé aux sentiments mélanco- liques, en est distrait ici par les charmes de son sujet.