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       LA VIE ET LES OPINIONS DE CHRISTOPHLE DE GAMON             113

   Veut-on un tableau des amusements du soir de la jeunesse viva-
raise? Le voici plein de vie et de mouvement dans le deuxième
monologue consacré aux plaisirs du pêcheur :


                   Quel plaisir de le voir, le seoir,
                   Au grondant rivage se seoir ;
                   Voir les garçons, aux jours de feste,
                   Gays à l'entour lui faire feste ;
                   Les voir joyeux ; ores chanter,
                   Ores à cloche-pied sauter;
                   Tantost en un cetne qui baie,
                   Tantost pousser la grosse baie,
                   Tantost jouer au frappe-main,
                   Tantost sous le moite serain
                   Veoir cette jeunesse voisine
                   Qui fait retondir la marine
                   D'un ris qui éclate gaillard
                   Pour un mot que le gay vieillard
                   Brandillant sa perruque perse
                   Aura jeté à la traverse.



   Le début d'une autre pièce à deux personnages est consacré à la
louange des deux rives du Rhône :


           Deux Pescheurs Rhosniens, égaux de cœur et d'âge,
           Egaux de renommée et divers de rivage,
           S'acosterent un jour. L'un, le petit Janot,
           Et l'autre on apeloit le petit Antoinot,
           Mais tous deux grands pescheurs. Et le Porte-lumière
           Haussoit ja fort au Ciel la torche journalière,
           Quand ageancez gaillards chacun fait son effort
           De vanter le renom du costé de son bord.


           Janot chanta le Jart qui moitement s'avoye
           Entre le bord Daufin et la courbe Savoye.
           Il chanta la ruine, il chanta la cité,
           Chanta les monts, les forts, chanta l'antiquité
         N° 56, — Août ISS,.                                  8