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376 LA REVUE LYONNAISE Maître Jean Massard, maître apothicaire, âgé de quarante ans, enterré dans l'église des R. P. Cordeliers; Messire Jean Bottu, archiprêtre d'Anse, âgé de cinquante-deux ans ; Messire Pierre Simonard, curé de Villefranche, « lequel voulut, par esprit d'humilité, estre enterré au grand cimetière, près la crois de la Madeleine. » (1) Cette maladie paraît s'être propagée dans toute la province de Beaujolais, d'après l'énorme mortalité que signalent, cette année-là , les souvenirs conservés dans quelques localités. Voici ce qu'on trouve consigné dans les registres de M. Roland de La Platière, curé de Saint-Georges du Château, à Thisy : « Dieu veuille que nous ne voyions pas, de nos jours, une semblable année. J'en ai enterré qui ont mangé des chiens, des chats et autres ani- maux dont l'usage est mortel et fait horreur. A cause des grandes fatigues que j'ai éprouvées pendant Tannée, étant jour et nuit sur pied, pour l'administration des sacrements, j'ai pu oublier d'inscrire cent cinquante personnes qui sont mortes. » Le registre n'en porte, en effet, qu'une quarantaine; car, depuis un siècle, depuis 1628, le norrbre des décès variait de cinq à huit dans la paroisse de Saint- Georges. Dans la paroisse Notre-Dame de Thizy, qui avait eu cinq enter- rements en 1708, il y eut, en 1709, cent vingt et un décès, et cent seize en 1710, pendant les quatre preiriers mois. Mardore, paroisse voisine de Thizy, fut aussi décimée. Le curé inscrivit, en 1709, cent cinquante décès, et cent en 1710; tandis que la moyenne des décès, de 1703 à 1708, est de treize par année. (2) Quelle était la nature de cette maladie dont la mortalité égale celle des grandes épidémies les plus meurtrières? Il n'en reste aucune description. Ce nom de « peste, » que lui donne un magistrat (1) Ce cimetière, situé sur l'emplacement actuel du promenoir, joignait l'église de la Madeleine, la plus ancienne de Villefranche. (2) Voyage dans le Haut-Beaujolais.