Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
       LA VIE ET LES OPINIONS DE CHRISTOPHLE DE GAMON             27

  Moreri n'a fait que résumer la note de Bayle.
  L'abbé Goujet (Bibliothèque française, t. 14, p. 135) consacre à
Christophle de Gamon une critique assez détaillée qui débute ainsi :

   « Si l'amour a fait rêver Callier, la philosophie, mal entendue, a
produit le même effet dans l'esprit de Christophle de Gamon. Ce
poète donna dans les rêveries de l'alchimie, de la pierre philoso-
p h a i , et tout ce qu'il a écrit s'en ressent. »

   Plus loin, l'auteur fait observer que Gamon faisait profession de
calvinisme.
   Je crains bien que la philosophie mal entendue et le calvinisme de
Gamon n'aient influé, peut-être à l'insu même de Féminent critique,
sur les appréciations plus ou moins injustes dont le poète est l'objet
de sa part. Il nous serait aussi aisé de démontrer par les termes
mêmes de quelques-unes de ces appréciations que l'abbé Goujet
n'avait lu que d'une manière fort imparfaite et fort sommaire les
oeuvres de Gamon.
   Nous avons déjà dit que la France protestante, des frères Haag,
contenait une notice sur Christophle de Gamon. Cette notice, conçue
dans un esprit peu bienveillant, est précieuse en ce qu'elle révèle
une cause des ennuis qu'eut à souffrir le poète et de la célébrité
restreinte que lui valurent ses ouvrages. Du Bartas étant protestant,
et ses coreligionnaires ayant fait de sa renommée une sorte de
question de parti, — ce qui explique pour une bonne part les nom-
breuses éditions qui furent faites de la Semaine du poète gascon, —
on conçoit que les protestants de cette époque aient su mauvais gré
à un des leurs d'une publication qui ne pouvait que rabaisser la
gloire de leur idole. C'est évidemment ce sentiment qui a dicté
l'article du recueil de MM. Haag. L'auteur établit entre du Bartas et
Gamon une comparaison qui est naturellement toute à l'avantage
du premier. Comment s'étonner des ressentiments que dut exciter
la Semaine du poète annonéen parmi ses coreligionnaires, quand on
voit, deux siècles et demi après, le même sentiment agir sur des
écrivains distingués de nos jours ?