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374                         LA REVUE LYONNAISE

procès-verbal, pour justifier de Testât déplorable où se trouve réduite
ceste ville. Sur quoy, les srs maire et eschevins auroient remarqué
que, la présente année, ils avoient imposé sur leur ville 4,075 livres,
oultre la taille qui rendoit 3,000 livres, sans y comprendre la capi-
tation; que, de plus, les passages continuels des gens de guerre,
infanterie, cavalerie et dragons, l'accablent d'autant plus qu'il n'y a
que cinq ou six ans que l'infanterie y loge, ce qui a fait déserter un
si grand nombre d'habitans, que, dans la visite faicte par ordre du
Roy au sujet de la capitation (en 1694), il s'est trouvé plus de 150
maisons toutes vuides, et que, dans les aultres, les familles s'y sont
 trouvées tellement diminuées que, de 5,000 âmes qu'il y avoit
 avant la présente guerre, en reste-t-il à peine 2,200, oultre que la
 ville estant presque composée de marchands et d'ouvriers en toilles,
 le négoce s'y trouve absolument ruiné, et, par conséquent, les négo-
 ciants et ouvriers, tous contribuables aux impositions, sont hors
 d'état de fournir et mesme de vivre. » (1)
     Ces témoignages officiels montrent le début d'une situation qui
 ne fit que s'aggraver durant les quinze années suivantes. La prolon^-
 gation de la guerre, surtout lorsque, à partir de 1704, des revers
 accablants et multipliés succédèrent aux victoires, accrut encore
 la misère et la dépopulation, et Ton peut affirmer qu'en 1708 le
 nombre des habitants de Villefranche ne devait pas dépasser 2,000.
     Si Ton tient compte de l'usage partout en vigueur alors d'expul-
  ser les pauvres étrangers, chaque commune étant obligée légale-
 ment de nourrir ses pauvres, et de la fuite des gens peureux, que
  ne retenait ni la nécessité, ni un emploi public; il est bien probable
  qu'en 1709, au début de l'épidémie, le nombre des habitants des-
  cendit à 1,500, et que la maladie emporta réellement près du tiers
  de la population présente, comme dit le lieutenant-général du
  bailliage.
     En dépouillant les registres mortuaires des premières années du
  siècle, les huit années qui précèdent l'épidémie, on trouve que la

   (1) Procès-verbal attesté véritable et signé par le maire et les échevins. (Arch.
 comm., BB 7.)