Revue lyonnaise » n°10 ( 1885 ) » pp.373

              L'ÉPIDÉMIE DE 1709, DANS LE BEAUJOLAIS              373

    En même temps, instruits par l'expérience qu'une maladie épi—
 démique, une « peste, » suit presque toujours la famine, les maire
 et échevins arrêtent que « les processions qui se font chaque année
 en actions de grâces pour la délivrance de la peste par les prières et
 intercessions de saint Roch auront lieu avec une solemnité considé-
 rable et plus grande que celles pratiquées les années précédentes, le
jour du mardi gras et le jour de la feste de saint Roch. » Le Corps
de ville devra y assister en entier, avec les ex-consuls, en habit de
cérémonie, et tous les habitants sont invités à' suivre un si bon
exemple.
    Au mois de novembre suivant, un marchand de Villefranche,
nommé du Vouldy, se chargea d'aller acheter des grains en Bour-
bonnais, mais son entreprise eut une issue malheureuse. En appro-
chant de la Loire, vers Dompierre, le convoi fut attaqué et pillé par
les habitants réunis de trois paroisses, et du Vouldy ne trouva asile,
pour se soustraire à la fureur du peuple, que dans la maison du
sr Boisset, à Diou.
    Sur la plainte des habitants de Villefranche, les communautés de
Diou et de Gilly furent condamnées par le parlement de Paris à la
restitution de 3,500 livres, qu'elles étaient d'ailleurs hors d'état de
payer.
   A la fin de 1694, le maire déclare « que c'est avec douleur qu'il
est obligé de faire connoistre à l'assemblée la diminution du tiers des
habitants de la ville, arrivée depuis 8 à 10 ans, laquelle il a connue
par une revue qui a esté faicte ensuite des arrests du Roy, et que l'on
doit attribuer autant à la cessation du commerce et au logement de
l'infanterie, qui, oultre les passages anciens, accablent ceste ville
depuis 6 années, qu'aux maladies qui ont attaqué les habitans. » (1)
   Le 27 juillet 1695, M. de La Croix, échevin, dit au Conseil de
ville que « M rs les Trésoriers de France, faisant leur chevaulchée à
présent, auroient tesmoigné au Corps de ville qu'ils vouloient savoir
Testât où estoit leur communaulté, aussy bien que les aultres de
ceste province de Beaujollois. Il estoit nécessaire de dresser un

  (1) Archives communales, BB 7.