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  hautes destinées, et, un jour, après une orgie, lui aurait fait voir le
  portrait de la belle chanoinesse. ( i ) Quoiqu'il en soit, Agnès passa
 plusieurs jours à Brûhl, auprès de celui que Barthold appelle le roman-
 tique électeur. (2) Elle se rendit ensuite à Mors, chez le comte de
  Nuenar, le plus fidèle ami de l'archevêque. Gebhard ne tarda pas à
 l'y rejoindre. Il l'emmena à Kaiserswerth, puis dans ses châteaux de
 Poppelsdorf et de Godesberg, (3) enfin à Bonn, où il l'établit, avec
  son beau-frère et sa sœur, dans la maison de Rosenthal, où se trou-
 vait la chancellerie de l'électorat.
     Gebhard et Agnès avaient d'abord tenu leurs relations secrètes;
  mais, l'habitude aidant, ils ne prirent plus soin de les cacher, et elles
 devinrent publiques. Les frères d'Agnès s'en émurent. Irrités devoir
 leur sœur traitée partout de courtisanne d'évêque, Hoyer, Pierre-
 Ernest et Jobst de Mansfeld (4) se rendirent tous les trois chez l'élec-
  teur, dans son château de Poppelsdorf, au commencement de l'année
  1582, et le menacèrent de mort, ainsi que leur sœur, s'ils ne se
 mariaient pas. Gebhard, effrayé, s'engaga solennellement, dans la
 grande salle de la chancellerie de Bonn, en présence du comte Pierre-
 Ernest de Mansfeld, du baron et de la baronne de Kriechingen, et
 de plusieurs témoins, à épouser Agnès.
. L'électeur avait peu de fortune patrimoniale. Renoncer à ses
  états, comme avaient fait ses prédécesseurs Wied et Salentin, c'était
  presque se réduire à la misère. Des amis (5) lui conseillèrent de
  les garder, promettant de le soutenir; et il prétendit lui-même que,
 le clergé s'étant marié jusqu'au temps de Grégoire VII sans perdre
: ses fonctions, il pourrait bien, à son tour, se marier sans perdre ses
  états.
     Gebhard comptait sur le parti protestant, qui existait dans l'électorat

   (1) Barthold, 19-20-21.
    (2) Barthold, 23.
   •(5) Ces deux châteaux étaient situés au sud de Bonn.
 ; (4) Hennés nomme deux frères : Hoyer et Christophe (6).
. (5) Les comtes de Nuenar et de Solms. Ils s'appuyaient sur ce que le prince
de Brandebourg, Jean-Frédéric, n'avait pas renoncé à son archevêché de Magde-
bourg, après s'être marié. (Hennés, 7.)