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LA RE 244 VL ! E LYONNAISE hautes destinées, et, un jour, après une orgie, lui aurait fait voir le portrait de la belle chanoinesse. ( i ) Quoiqu'il en soit, Agnès passa plusieurs jours à Brûhl, auprès de celui que Barthold appelle le roman- tique électeur. (2) Elle se rendit ensuite à Mors, chez le comte de Nuenar, le plus fidèle ami de l'archevêque. Gebhard ne tarda pas à l'y rejoindre. Il l'emmena à Kaiserswerth, puis dans ses châteaux de Poppelsdorf et de Godesberg, (3) enfin à Bonn, où il l'établit, avec son beau-frère et sa sœur, dans la maison de Rosenthal, où se trou- vait la chancellerie de l'électorat. Gebhard et Agnès avaient d'abord tenu leurs relations secrètes; mais, l'habitude aidant, ils ne prirent plus soin de les cacher, et elles devinrent publiques. Les frères d'Agnès s'en émurent. Irrités devoir leur sœur traitée partout de courtisanne d'évêque, Hoyer, Pierre- Ernest et Jobst de Mansfeld (4) se rendirent tous les trois chez l'élec- teur, dans son château de Poppelsdorf, au commencement de l'année 1582, et le menacèrent de mort, ainsi que leur sœur, s'ils ne se mariaient pas. Gebhard, effrayé, s'engaga solennellement, dans la grande salle de la chancellerie de Bonn, en présence du comte Pierre- Ernest de Mansfeld, du baron et de la baronne de Kriechingen, et de plusieurs témoins, à épouser Agnès. . L'électeur avait peu de fortune patrimoniale. Renoncer à ses états, comme avaient fait ses prédécesseurs Wied et Salentin, c'était presque se réduire à la misère. Des amis (5) lui conseillèrent de les garder, promettant de le soutenir; et il prétendit lui-même que, le clergé s'étant marié jusqu'au temps de Grégoire VII sans perdre : ses fonctions, il pourrait bien, à son tour, se marier sans perdre ses états. Gebhard comptait sur le parti protestant, qui existait dans l'électorat (1) Barthold, 19-20-21. (2) Barthold, 23. •(5) Ces deux châteaux étaient situés au sud de Bonn. ; (4) Hennés nomme deux frères : Hoyer et Christophe (6). . (5) Les comtes de Nuenar et de Solms. Ils s'appuyaient sur ce que le prince de Brandebourg, Jean-Frédéric, n'avait pas renoncé à son archevêché de Magde- bourg, après s'être marié. (Hennés, 7.)