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220                   LA REVUE LYONNAISE



                                n
      Quand Marie et Joseph, emportant VEnfant-Dieu,
      Loin d'Hérode, à travers la solitude en feu
      S'enfuyaient, pour donner à leur front un peu d'ombre,
      Surgit du sable un arbre, où des oiseaux sans nombre
      Chantaient des temps nouveaux l'aube qui se levait.
      Arbre miraculeux dont mon esprit rêvait!
      Je le vois. Je le touche. Assis sous son feuillage,
      De ses hôtes charmants f écoute le ramage.
      Ce murmure, emplissant l'air lumineux et chaud,
      Prend uu sens et me crie : « Homme, regarde en haut !

                « Si la terre t'a vu paraître
                Dans ta merveilleuse beauté,
                Si les éléments ont pour maître
                Ton génie et ta volonté,
                Si tes mains transforment le monde,
                Si tu sondes la mer profonde,
                Si tu domptes l'air et le feu,
                Si l'univers est ton domaine...
                Ah ! c'est que la famille humaine,
                Comme cet arbre, abrite un dieu !

                « Un dieu te possède. Il allume
                Dans ton sein les vastes désirs,
                Et toujours mêle une amertume
                A l'ivresse de tes plaisirs.
                La nature, pour te séduire,
                Exalte en vain jusqu'au délire
                Ton orgueil et tes sens troublés ;
                Ton cœur vaincu soupire encore,
                Tes yeux cherchent une autre aurore
                Au-delà des deux constellés.