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2l6 LA REVUE LYONNAISE Enfin Humbert IV, sire de Beaujeu, fonda la ville même de Vil- lefranche, devenue depuis la capitale du Beaujolais. C'est un des mémorables événements de son règne, qui va de l'an 1174 a 1202. Dans cette vaste entreprise, il commença par ceindre de murailles, sur une vaste échelle, le petit bourg qui devint le berceau de la ville ; y bâtit une église, sous le titre de Notre-Dame-des-Marais ; donna à ceux qui voudraient s'y établir le terrain pour bâtir, sous la rede- vance de trois deniers par toise, et leur assura d'importants privi- lèges, d'où est venu le nom de Villefranche. Son fils, Guichard IV, « fut envoyé par Philippe-Auguste en am- bassade à Rome, vers le pape Innocent III; et, passant par Assise, il obtint de saint François trois religieux, qu'il amena en France, et fonda pour eux, à Villefranche, un couvent qui est le premier que cet ordre ait eu en France. » Ces détails intéressants sont tirés d'une généalogie inédite des sires de Beaujeu, que je possède dans mes archives. Ils appartiennent déjà à l'histoire connue de cette ville, et commencent à s'éloigner de mon but et de mon titre. Je reviens donc aux premières origines du Beaujolais. VIII Le noble auteur de l'Histoire du Beaujolais n'hésite pas à « avouer que l'étymologie du nom de Beaujeu lui est parfaitement inconnue, » ce sont ses propres termes. (1) Il ne voit dans la première moitié du nom latin de Beaujeu : Bellijocus, que des idées de guerre, bellum. Il oublie que le même mot n'a pas ce sens et n'ofFre pas cette idée dans la composition du mot Belleville : Bellavilla, ville voisine de Beaujeu, de même origine, et dont le nom est contem- porain de celui de Bellijocus. Il ne paraît pas songer que l'adjectif bellus, a, um, a été employé par Cicéron et Varron, par Martial et Horace, pour exprimer les idées de beauté, de grâce, d'élégance et de politesse. (1) Histoire du Beaujolais, t. II, p. 25.