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            LA « SEMAINE » DE CHRISTOPHLE DE GAMCM

            Dans ces airs où le froid a sa chambre tremblante,
            Où devenant après froide, grosse et pezante,
            Tu nais en larmoyant et lors tes pleurs soudains
            Tombent dru par cent trous, au sein de leurs germains.
            Comme au creux alambic la vapeur qui contourne
            Par le chaud eslevée, en la chape séjourne,
            En la trouvant frilleuze, au prix de la chaleur
            Du ventre vaporeux, acquiert de l'espaisseur,
            Puis par le bec courbé, toute en liqueur utile
            Dedans le receptoir goûte à goûte distile.


    Le poète réfute l'opinion de du Bartas, qui croyait que les gre-
nouilles, trouvées après la pluie, étaient tombées des nuages. La
pluie favorise simplement leur naissance sur la terre. Le passage sur
la grêle montre qu'il en soupçonnait la véritable formation.
   Dans le troisième chant, Gamon, passant en revue les fontaines
merveilleuses de la terre, met en scène le personnage allégorique de
la France, qui se plaint qu'on n'apprécie pas les merveilles qui abon-
dent sur son territoire. On reconnaîtra que les plaintes du poète
n'ont rien perdu de leur justesse et de leur opportunité, si l'on
songe au nombre toujours considérable de Français qui vont cher-
cher bien loin, en Italie, en Suisse, en Allemagne, des eaux, des
sites et des curiosités naturelles qu'ils pourraient trouver plus sûre-
ment, et à moins de frais, au centre même de leur pays, principale-
ment en Auvergne et en Vivarais. Ecoutons la plainte patriotique du
poète :
           ... 11 me souvient qu'au creux d'une valée
           Près d'un surgeon coulant, dont l'onde reculée
            Faisait flamber le glay, paslir le romarin,
           Flairer la sarriete et respirer le thim ;
           Où l'esventoir léger du brandillant Favone
           Toujours des verts lauriers les cheveux gredillonne,
           Et le gay rossignol chante au murmure doux
           Des petits flots parlants aux bigarrez cailloux ;
           J'estais assis tout seul, (si seul il faut qu'on die
         • Celuy qui de sa muse est dans la compagnie,)
           Lors que tout estonné, parmi l'obscur d'un bois,
           T'entr'ouys en tels mots une nymfale voix ;