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no LA REVUE LYONNAISE * Nous nous sommes longuement étendu sur le mérite si grand de Saint-Jean, peintre de fleurs. Nous ne nous arrêterons pas, cepen- dant, sans avoir parlé de son talent hors pair comme aquarelliste, et sans avoir rappelé ses compositions charmantes dans un genre diffi- cile entre tous. Encore moins, pourrions-nous oublier qu'il a fait des portraits de la plus magistrale ordonnance; et, à Lyon, personne encore n'a oublié celui d'un réalisme si saisissant qu'il avait exposé, un jour, comme protestation contre les critiques malencontreux qui l'accusaient de se perdre dans l'idéal. Quelle explosion d'étonne- ment et de colère, quand on vit la face rubiconde, le nez allumé, la chevelure en broussailles de Beau-Soleil! Quelle palette puissante! Quelle verve goguenarde! Quel défi jeté à ses contradicteurs! Et comme on comprit la satire du peintre qu'on laissa désormais tran- quille dans les hautes régions de l'art, et à qui on ne demanda plus de descendre dans le naturalisme et la trivialité. Enfin, ce n'est pas à Millery que nous pourrions omettre de parler du peintre d'histoire, quand, dans cette église, à deux pas de nous, on peut admirer un tableau de premier ordre, un Christ en croix, plus grand que nature, d'un modelé si saisissant, vivant, d'une cou- leur si énergique et si chaude et où se voit un couchant de soleil si plein d'ampleur et de vérité ! ( i ) * Ici notre tâche est bien finie. La Commission du buste de Saint- Jean veut que je sois son interprète auprès de Monsieur le Maire et auprès de la municipalité de Millery, pour les remercier de leur générosité, de leur bonté et de leur bienveillance. Que nos remerciements et notre reconnaissance leur soient donc présentés, au nom de cette Commission qui a montré tant de zèle, (i) Dans cette toile de 1833, c'est un jeune homme de Millery qui a posé pour le Christ.