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              ALEXIS ROUSSET, SA VIE ET SES Å’UVRES

           Il avance toujours, traverse l'Hippodrome,
           Puis, à Sainte-Sophie, il admire le dôme
           Que, pour mieux honorer le roi de l'univers,
           Anthénius osa suspendre dans les airs.

            Rayonnant, Méhémet/plus loin, admire encore
            Le palais des Césars qui commande au Bosphore...
            C'est le sien, maintenant. Il y pénètre... Hélas!
            Nul bruit, dans ce désert, ne répond à ses pas.
            Un abandon si grand le saisit et l'oppresse...
            Il s'arrête glacé d'une ombre de tristesse,
            Et, devant ce palais, en deuil des empereurs,
            Il ouvre son esprit au néant des grandeurs.
            Il répète tout bas ces vers où le poète,
            Sur les marbres épars, fait chanter la chouette,
            Attache l'araignée aux arceaux mutilés
            De vieux palais, orgueil des siècles écoulés :
            « Mortel, tu t'adorais dans ton œuvre éphémère
            Qui montait jusqu'aux deux... Elle jonche la terre. »


   Comme les palais de Babylone et de Palmyre, les monuments de
Byzance se sont écroulés. L'Empire d'Orient n'est plus, et, suivant
l'expression du poète, les musulmans et les démons régneront
désormais à la place des anges et des chrétiens.
   Il est vrai que, en s'éloignant, les saints protecteurs de la cité
annoncent au ciel et à la terre qu'ils reviendront un jour, et que
l'étendard de Mahomet ne flottera pas éternellement sur les murs
de la cité profanée. Seulement, le poète ne nous dit pas quand ce
jour luira.
   Nous savons du moins que l'empereur n'est pas mort de ses bles-
sures. Il a été sauvé par des bras dévoués, et, accompagné de ses
fidèles, il abordera bientôt dans une île immense de l'Océan, où,
avec les conseils de la Sagesse, il fera refleurir l'âge d'or. Quant à
ceux qui ont succombé, ils sont reçus triomphants dans le sein de
l'Éternel.
    Voilà le poème, voilà le résumé de deux volumes. Il y a peu
d'exemples, dans notre xixe siècle, d'un travail de si longue haleine
 et de si haut vol.