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ALEXIS ROUSSET, SA VIE ET SES ŒUVRES 39 Mort à Byzance ! Mort à l'impure cité, D'où s'est enfui l'honneur avec la liberté ! Qui ne sait plus servir ni Dieu ni la patrie, Où l'or seul est aimé jusqu'à l'idolâtrie. » Ignace et Pierre sont consternés. La voix des justes est entendue. L'Éternel ne protégera point ouvertement la ville criminelle. Cepen- dant la bonté de Dieu ne perd pas tous ses droits; il ne s'opposera pas à la défense : « Vous avez entendu cet arrêt solennel? » Reprend l'ange qui parle au nom de l'Éternel. « Dieu devrait... Mais touché des malheurs de Byzance, Il ne détruira point l'espoir de la défense. En vain un conquérant pense tout envahir, Le sort qui le servait peut aussi le trahir. Comme Dieu fait mugir ou calme la tempête, Il pousse le guerrier, l'encourage ou l'arrête. O Grecs, soyez vaillants ! Un effort glorieux Peut voiler les forfaits de coupables aïeux; Et, que le dénoûment soit heureux ou funeste, Le devoir accompli, le Ciel fera le reste. » La pensée intime de Dieu est connue. Le chœur des anges reprend ses concerts, et les deux saints protecteurs de Byzance vont s'asseoir à leur place, dans le brillant Eden, sans avoir triomphé, mais sans avoir perdu toute espérance. Ces grandes scènes, ces immenses tableaux ne sont-ils pas dignes de l'épopée? Le canon gigantesque va ouvrir son feu. Orbin approche la flamme, l'ordre de l'assaut est donné, l'armée s'ébranle et va se précipiter par la brèche. Un coup pareil à la foudre trouble la ville, le camp et les deux armées. Quand le vent a balayé le nuage noir qui couvre la pièce, un cri effrayant s'élève. Le canon a éclaté, Orbin est tué, et le mur de Byzance est intact. A cette manitestation de la protection du ciel, les Turcs hésitent. Les chrétiens sortent de la ville et chargent avec fureur. A la tête des