page suivante »
4o LA REVUE LYONNAISE deux armées,et las guidant, combattent la Liberté et la Tyrannie. Une foule de combats partiels ont lieu dans la plaine. Méhémet est blessé, les Turcs fuient et les chrétiens sont vainqueurs. C'en serait fait du pouvoir des musulmans, si les anges déchus ne leur avaient promis leur appui. Lucifer arme ses phalanges, et il tra- verse les cieux pour secourir ses alliés. A cette vue, la colère des anges fidèles se rallume. Michel, Gabriel, une foule d'autres, s'opposent à la marche de Lucifer et de Moloch. Une lutte immense s'engage sous les yeux de Dieu. Bientôt les anges maudits sont repoussés. L'enfer est accablé. Sa déroute est complète. Satan, blessé lui-même, ordonne la retraite A ses démons hurlants que poursuivent les coups. Tels, hors des bois chassés, se dispersent les loups. Ces deux combats des hommes autour de la ville et des esprits célestes dans les nuées n'ouvrent-ils pas les plus magiques horizons ? N'ofTrent-ils pas à la peinture les plus splendides tableaux? Ne seraient-ils pas dignes d'être chantés par le Dante ou par Homère ? Ici, le poète lyonnais, las des batailles, prodigue à pleines mains les épisodes riants, les amours de tous les adolescents que nous avons vus pendant les douze ou quinze premiers chants. Il perd de vue Byzance délivrée, et ne nous entretient que d'amoureux qui se parlent à demi-voix. Cependant saint Ignace et saint Basile ne croient pas encore au triomphe définitif de leur patrie. Inquiets de l'avenir, attentifs aux mouvements de l'armée des musulmans, et ne pouvant faire des miracles, parce que Dieu l'a défendu, ils se glissent dans les cloîtres et les monastères, et soufflent invisiblement aux religieux de prendre les armes pour le salut de la chrétienté. Cette précaution est loin d'être vaine, car les musulmans, vaincus sur la terre, envoient leur flotte attaquer le port. De ce côté-là aussi le danger est grand pour Byzance. La chaîne de fer, qui défend l'entrée de la Corne d'or, résiste au choc des plus grands navires. On est dans la crainte