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38                         LA REVUE LYONNAISE

religieuse d'une rare beauté. Irène est amenée devant le sultan, qui
la prend pour sa part du butin et la confie à Orkan. Mais celui-ci
devient épris de la jeune religieuse et tous deux fuient vers Byzance.
Méhémet fait redemander Irène qui lui est refusée. Le sultan ne fait
que peu de progrès devant Byzance, quand un Hongrois, Orbin, lui
offre de faire des canons qui renverseront les remparts. Le sultan
accepte. Les démons dirigent la création de l'artillerie qui se met en
position.
    Une pièce attelée de trois cents bœufs et lançant des boulets de
six quintaux à six cents toises est amenée devant les remparts. Elle
va pulvériser la ville et ses défenseurs.
    Le danger éveille l'attention du ciel et de la terre. Byzance va-
t-elle fatalement périr ? Elle a des protecteurs qui vont agir. Ignace,
issu des Césars Byzantins, demande une audience à saint Pierre et
il l'obtient. Pierre, qui ne peut rien par lui-même, offre au sup-
pliant de le conduire auprès de Dieu, et tous deux partent à travers
les sphères célestes.
    Ils voient la terre des lions, la planète des fleurs, les planètes de
divers coupables, les peuples aériens, la planète des duellistes, des
astres nouveaux encore inhabités. Ne croirait-on pas lire un chant
du Dante ? Ils arrivent aux pieds de l'Étemel, se prosternent et pré-
sentent leur humble supplique au maître des mondes. Toute la cour
céleste est attentive; quel va être le jugement?
    Mais les saints, les justes et les martyrs que Constantinople a fait
périr, élèvent leur voix et disent qu'il est bien qu'une ville qui a
persécuté les innocents et qui, aujourd'hui encore, ne rêve qu'in-
trigues, richesses et plaisirs périsse sans pitié :


             « Périsse cet empire, où, des siècles durant,
            Les Césars ont pesé sur un peuple expirant ;
            Cet empire, où, soumis à d'horribles misères,
            Les Romains se riaient des vertus de leurs pères ;
            Où les grands n'écoutaient que la voix des flatteurs ;
            Où, seuls, dans le Forum, triomphaient les rhéteurs.
            Périsse cet empire, où l'ardent fanatisme
            A des premiers chrétiens remplacé l'héroïsme.