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PENSEES 700
Qui n'aime pas la vérité... spéculativement ?
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Les préjugés de l'école sont opiniâtres. Ne s'en dépouille pas
qui veut. Combien de gens, qui se croient fondés en raison et ne
le sont qu'en routine, les portent longtemps, longtemps, sans
pouvoir les quitter, semblables à ces garçons qui ont encore la
robe dans un âge avancé.
Les matérialistes disent : « Les larmes, les larmes, c'est de
l'eau ! » Le Nil aussi, c'est de l'eau, et pourtant son origine sacrée
est un mystère : 1
Certains logiciens ne donnent jamais qu'une raison, la bonne, je
suppose. D'autres commencent par énumérer toutes raisons, puis
ils disent : « Celle-ci est péremptoire ; celle-là est contestable... »
De tels jouteurs ne laissent pas que d'impatienter adversaires et
témoins: je l'accorde; toutefois, il faut savoir les attendre, et
non pas les rudoyer, dès le seuil de leur raisonnement.
+
Les mêmes raisons que nous trouvons fortes contre autrui, nous
apparaissent faibles tournées contre nous.
*
Les incrédules ne se taisent pas de clamer : « 0 désintéresse-
ment de Cratès ! ô renoncement de Diogène ! 6 austérité de Pytha -
gore et d'Épictète ! ô bonté de Marc-Aurèle !... » Par contre,
l'humble et journalière pratique de toutes ces vertus, et d'autres
encore, les indigne, que dis-je, les scandalise !
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Espérer de saisir telle ou telle vérité, à force d'abstractiun,
* A l'époque, déjà ancienne, où cette pensée fut écrite, l'on était incertain d'avoir
découvert la véritable source du Nil.