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PENSÉES 697 n'allait pas jusqu'à vaincre, mais à convaincre les Athéniens du besoin de lutter, et à lutter lui-même. Au Pnyx Démosthène per- sonnifiait la Grèce entière; à Ghéronée, il n'était qu'un soldat. Au surplus, Galaurie le retrouva, peu après,digne-de lui-môme, digne^d'Athènes. Il préféra mourir à vivre esclave d'Antipater... Ce suicide révolte à bon droit nos mœurs chrétiennes.,. Plaignons-le, ne le méprisons pas. Moi, j'admire Démosthène docile à sa conscience mal éclairée, fidèle à ce qui lui semble vertu, juste^ jusqu'à se condamner lui- même à mort; scrupuleux jusqu'à choisir le poison, afin de punir, hélas ! ces lèvres trop généreuses, et ces entrailles trop éloquentes d'avoir involontairement causé le malheur d'Athènes, sa bien- aimée patrie... Si dans ta poitrine bat un cœur chaud, loyal, généreux, un cœur héroïque, parle, toi,' oh! parle.!... sinon, silence! airain sonore! silence, cymbale retentissante ! * Onésime parle avec élégance... une élégance i'rôide. 11 est de glace, son auditoire aussi. + A h ! que de phrases! A h ! que d'idées! Une seule phrase bien sensée vaudrait toutes ces mille idées superflues ; une seule idée biqii développée vaudrait toutes ces mille phrases redondantes. + Do la bouche d'un dieu gaulois soriait une chaîne d'or, symbole de l'éloquence. Oh! qui retrouvera les anneaux perdus de.cette chaîne précieuse ? ..CicéRON n'est pas uniquement orateur, comme Démosthène, il est encore philosophe, littérateur, etc. Je dis « encore, et non de DjJciiUBBK 1834. — T. V I I I 44