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                                  FELIB1UGE                                     5',7
de Marseille, un vote d'acclamation pour la fondation d'une chaire do provençal
dans cette ville.
   Ces bons félibres de Paris ont la douce habitude de procéder par votes indé-
finis et de jouer aux députés, dans la mesure de leurs espérances. Le premier
enthousiasme fut donc coupé de réticences légères. Mais il y avait lieu, cette fois,
de tenir compte d'une juste observation du président demandant à voir ce vœu
émis dansleprocès verbal, qu'une place raisonnable fût faite au provençal moderne.
   Après quoi le vaillant Faure, « ardent, coume Uaigo-ardènt », entonna sa
Cansoun di félibre de Paris et on passa dans la salle des fêtes.
   L'assistance fut bientôt nombreuse. Nous écoutâmes tour à tour Anatole
Lyonnet, dans sa magnique mélodie sur les Taureaux de Pierre Dupont et le
Poète aux étoiles, de Bouilhet; Jules Boissière, le nouvel élu, un félibre du
tron-de-i'èr, dans ses Plaintes du Tambourinaire, une belle page qu'on a lue
plus haut, mais qu'il faut entendre sous sa voix provençale, étonnamment
colorée et vibrante; Maurice Faure dans la Vénus d'Arles d'Aubanelet l'Arlâ-
sienne de Jules Gaillard ; Paul Arène, dans ses Quatre Pantai, un pur chef-
d'œuvre, tissé de rêve et de soleil ; Lucien Pâté dans un beau dythirambe à
Mistral, etc. Parmi les félibres présents : Jules Gaillard, Valère Bernard, J.
Gayda, D1' Calvo, Gourdoux, Moulin, E. Fourès, Ghampavie, Pollio, E. Daclin,
Coffinières, Achard, L. Riotor, Auguste Marin, que sais-je encore?

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   Donc, puisque Joséphin Soulary est « dussi provençal », il convient de lui rendre
hommage, après toute la presse, dans cette chronique félibréenne, pour la manière
dont il a su se tirer des coteries académiques.
   Ce n'est pas que l'assentiment de l'opinion lui ait manqué. Jamais poète n'a vu,
en six mois, son œuvre plus spontanément acclamée. Et, à la rigueur, la petite
lettre d'Alph. Daudet qui a suivi ce retrait de candidature lui aurait définitive-
ment entraîné les suffrages.
   Mais il convient d'établir ici en deux mots la haute situation du grand poète
dans le groupe restreint des maîtres de l'esprit. Son séjour à Paris lui ayant
conquis toutes les sympathies, il serait surprenant que cette première place lui
fût de longtemps disputée.
   Mais on n'a guère insisté sur la réunion d'amis donnée en l'honneur de Soulary
chez Alph. Lemerre, d'amis illustres, pour qui l'Horace lyonnais fut l'objet d'une
véritable ovation. Il y avait là Alph. Daudet, Sully Prudhomme, Goppée,
Paul Arène, Hérédia, Theuriet, Pouvillon           L'entretien fût-il bien et grave
et académique, comme il sied entre gens célèbres ?...
        J'entends encore Daudet et Arène réciter, sur la terrasse, des stances d'Au-
banel, et le félibre Soulary les juger incomparables.
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