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                     L'ARMANA PROUVENÇAU                        521
vérance à défendre, envers et contre tous, la cause des méconnus et
des sacrifiés?
   Il faut voir comme il raconte la Sainte-Estelle de Sceaux avec
amour, le triomphe de Paris avec enthousiasme, le Centenaire de
Montpellier si peu opportun, avec une délicatesse et une courtoisie
impeccables, pour employer l'expression à la mode !...
   Et ne remue-t-il pas vraiment, le cri que lui font jeter les
récompenses accordées à T. Aubanel, à Fabre et Era. des Essarts,
à Paul Meyer, à Maurice Faure, à J. Amy, à F. Mistral?
   C'est bien le cas de redire le mot du poète : Uno avulso, non
déficit al ter aureics...
   La chronique n'est, bien entendu, que le portique de ce Musée
où s'étalent toutes sortes de sujets en vers et en prose, tableaux,
dessins et croquis, que le soleil du Midi dore de ses reflets.
   Tous ces noms de poètes sont connus, plusieurs même sont jus-
tement célèbres. Mistral ouvre la marche : à tout seigneur, tout
honneur. Le grand maître est lui, toujours lui. Aucun ne saurait
l'atteindre; lui-même ne peut se dépasser, ayant pris de bonne
heure toute sa taille de géant. Puis, Bonaparte-Wyse qui voudrait
parfois, qui ne peut jamais, et c'est profit pour tous, abandonner
APiado de la Princesso, la poésie provençale. Bonaparte-Wyse,
c'est le petit chien qui secoue des pierreries, de l'Arioste ; c'est
un génie ruisselant et chatoyant comme pas un ; je l'ai proclamé
ailleurs, je n'insiste point. Ces initiales A. de G. couvrent mal,
on le sait bien ici, le nom d'un gentilhomme, grand d'intelligence
et de cœur.— L. de Berlue-Pérussis me pardonnera-t-il de trahir
A.de Gaguaud?
   Félix Gras se repose de Li Carboniè et de Tolosa par une série
de petites épopées qui restituent à la Provence ses glorieux ro-
mances du temps jadis. Félix Gras est un vaillant, et je me plais
à lui rendre un juste hommage; toutefois j'ai contre lui, moi
limousin, poète et autre chose, qu'il a, dans un de ses romances,
 appelé chassieux (cerous) un pape ; et quel pape ! l'ami de Pétrar-
 que, le magnifique pontife-roi d'Avignon, le bon Pierre-Rogier
 de Maumont, l'admirable Clément VI!...
    Clovis Hugues est un prestigieux lyrique ; ses strophes bondis-
 sent,étincellent et murmurent comme les vagues de la Méditerranée.
     No vEMiiEii 1884. — T. VII                            33