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RÊVE Plus loin, je vis parmi des fleurs prêtes d'éclore, Se tenant par la main, passer Pétrarque et Laure. Le poète chantait, berçant leur rendez-vous Aux sonores accents de sa langue dorée, Et comme je levais mes yeux vers l'adorée, Je vis que c'était vous. Plus loin encor, je vis auprès de Lamartine Graziella, sa jeune et belle Sorrentine ; La brise m'apportait, écho suave et doux, Les accords immortels de leur chaste délire : Graziella pleurait aux sanglots de la lyre ; Et c'était toujours vous. La scène alors changea. Loin des bruits de la terre, Dans le calme profond des bois pleins de mystère, Un poète avait fui le monde et ses dégoûts, Et debout près de lui, radieuse et muette, La Muse se tenait. Je connais le poète ; La Muse, c'était vous. Puis je crus voir (était-ce encore dans mon rêve?) Deux nobles cœurs lutter côte à côte, sans trêve, Poètes en ce siècle isolés parmi tous, Mais forts par l'amitié. Gracieuse et charmante Une enfant les suivait comme une sœur aimante Cette sœur, c'était vous. Ah ! ne m'en veuillez pas, puisque ce n'est qu'un songe, De paraître oublier dans un riant mensonge L'âpre réalité qui me met en courroux ! Ce qui manque à mon cœur c'esl l'amour d'une femme Anxieux je l'attends, cette sœur de mon à me; Si pourtant c'était vous ? LUCIEN SCAKPATETT.