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PENSÉES 423 + Le campagnard est trop enfant pour n'être pas menteur. * J'ai vu des paysans qui pensaient trop bien du soleil. Ce foyer de lumière et de chaleur, par ses habitudes, par ses mouvements, par son action bienfaisante leur paraissait, une créature supérieure et même un créateur, le Créateur! Il y a toujours du « païen » dans le « paysan ». Le paysan ignore l'art de dire droitement et clairement sa pensée : le vrai d'une affaire, ce n'est point ce que vous en ouïrez, mais ce que vous en devinerez. * En Théocrite et Virgile, André Chénïer et Fiorian, vous n'ima- ginez pas que le paysan, quand il chante, chante autre chose que la « belle nature », « l'amour honnête », Dieu, l'église, le foyer, le printemps, les fleurs, les fruits, et ce qui ressemble à tout cela... Illusion! Le paysan met son esprit à « hurler » des bêtises, son cœur à « miauler » des gaudrioles! * Le soleil vient de se coucher dans l'or et la pourpre, la lune resplendit à l'horizon ; les étoiles rayonnent autour d'elle ; le grillon crie, le crapaud soupire, le papillon bruit, le rossignol, plein d'amour et d'harmonie, éclate; tout est joie et lumière et chant, et allégresse, et prière, et-transport... Où est l'homme? 11 est là -bas qui dort lourdement, n'en pouvant plus d'avoir bu de mauvais vin qu'il a vomi sous forme de chan- sons ignobles ! JOSEPH Roux. (A suivre.)