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VOYAGE DR FRANGE ET D'ITALIE 353 le ver à soye, qui n'est pas plutost né qu'il meurt, et qui perd toute sa substance pour la laisser aux hommes qui en font leur plus grand éclat, et leurs pompes les plus brillantes. Le premier octobre j'allay voir l'abaye d'Ainay qui est à l'ex- trémité de la ville. Elle est desservie par des religieux de Saint- Benoist, l'appartement de l'abbé et le j ardin, dont un bois et quelques allées font l'ornement, mérite bien une œuillade ; mais ce que l'on en doit encore estimer davantage, est son revenu, qui est de dix mil livres de rente, et sa situation proche les remparts de la ville, d'où vous avez une veue autant charmante qu'agréable ; de là vous découvrez la colline à main droite qui régne au long du Rosne, à gauche vous appercevez une prairie, de là vous voyez les deux rivières du Rosne et de la Saône qui font alliance, et remarquez la différence de l'eau de la première qui est fort claire, et de la seconde qui est fort obscure et qui perd son nom, en un mot vous sortez de ce lieu tout à fait content. De là j'allay au noviciat des Jésuites, dont le jardin n'est pas moins agréable que le logis est commode, et ces Pères ont dans les deux villes, deux collèges ou ils ne reçoivent point de pensionnaires. Le deuxième octobre j'allay voir les Carmes qui sont dans la plus belle et la plus agréable situation de la ville, du côté de Notre- Dame de Forvière. Ils sont placez sur le bord du Rosne, ' et ont fait dans leurs jardins une terrasse de terres transportées, de laquelle ils ont une veue admirable, comme aussy d'un petit cabinet basty sur un rocher escarpé qui va rendre jusques au pied du Rosne (Saône), doù vous voyez une profondeur si grande, que vous ne sçauriez regarder du haut en bas que cela ne vous fasse frayeur. Il est d'autant plus agréable qu'il est ouvert de tous costés, et donne liberté à votre veue de s'estendre. Je me suis arresté particulièrement à regarder du costé gauche d'où vous voyez le Rosne (la Saône) qui serpente, et en jettant votre veue un peu plus loin, vous découvrez quasi sur le bord du Rosne (de la Saône), l'église des observantins. En un mot ce lieu mérite d'être veu par les curieux, je tiens pour certain qu'ils en sortiront très contents. » Il y a là une distraction de Tauteur ou une faute d'impression, il faut lire la Saonè au lieu du Rosne.