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 332                        LA R E V U E L Y O N N A I S E

 friands. La science de l'histoire était véritablement dans l'enfance aux premiers
 jours de la Renaissance à Lyon, quand Ghampier prit la plume. Soyons donc
 justes pour lui et excusons-le. Sachons même lui avoir quelque gré du soin qu'il
 a mis, entre autres, à résumer, en quelques pages tout ce que les auteurs de
 l'antiquité ont dit sur Vienne et les Allobroges, ce peuple batailleur et si redouté
 des premiers habitants de notre vieux Lugdunum, comme le fit vers la même
 époque, le président Bellièvre réunissant dans son Lugdunum priscum tout ce
 que l'antiquité avait écrit sur notre ville. L'histoire de Vienne se rattache donc
 beaucoup à celle de Lyon ; et Ghampier a eu raison de dire « que Vienne et
 Lyon, quand elles eurent guerres ensemble devindrent à déclin et fust cause de
 leur ruyne, mais, depuis, ont esté toujours en amour et alliées et le sont encore
 de présent ».
    Mais Symphorien Champier a eu une grande faiblesse, celle de la vanité nobi-
 liaire ; ne pouvant se faire à sa condition plébéienne, il a voulu se donner des
 aïeux pris dans les plus grandes familles du Dauphiné et d'Italie. M. Guigue a
 fait justice de ces ridicules prétentions en donnant des notes des plus exactes
 sur la vraie généalogie de notre vieux historien, à la fois poète, médeciD, philo-
 sophe et échevin.
    La seconde réimpression donnée aujourd'hui par M. Guigue, père, est celle
 de trois autres opuscules : 1° de VAntiquité, origine et noblesse de la très an-
 tique cité de Lyon, — 2° de la Hiérarchie de VEglise de Lyon, et 3° de la rebeine
et Conjuration ou rébellion du populaire de Lyon en 1529, par le même
auteur. Que dire du premier ? c'est encore un mélange de légendes, de fables, de
faits vrais, une simple curiosité littéraire. Le second opuscule est consacré à la
hiérarchie de l'Eglise de Lyon, ou plutôt à un éloge étrange de cette Eglise et dans
lequel il malmène singulièrement ses contemporains, en disant : « 0 toy qui
liras ce livre, considère en toy combien nous qui sommes maintenant, dégénérons
de nos ancêtres, lesquels estaient saiges, aymans les lettres, Dieu et son Eglise
— et maintenant n'est question que de voluptez charnelles, de avarice, usures,
tromperies, orgueil et de tous vices ». Si ce portrait est fidèle, avouons qu'en
1529, nos pères étaient gens « de sac et de corde » et ne nous en vantons pas.
   Le troisième opuscule vaut mieux que les deux premiers ; l'histoire n'y est
pas déguisée. Le récit que Ghampier fait de la terrible émeute, dans laquelle
malgré sa popularité, la populace qu'il avait courtisée, saccagea sa maison, est
d'une parfaite vérité, quoique dite avec une légitime indignation. La répression
de cette révolte a été immédiate et terrible. « Et par ainsi, dit Champier, la
justice a esté en partie faicte, de ces pirates terriens, qui est une chose moult
bien faicte de extirper les maulvaises herbes d'avecques le bon blé, aussi de séparer
les bons d'avecques les maulvais et Dieu tout puissant est moult indigné quand
les hommes délaissent les bons et élisent les maulvais >•, ce qui a lieu pré-
cisément aujourd'hui au grand préjudice de notre pauvre France. Toutefois,
Ghampier ne nous a pas donné le récit de ces répressions, mais M. Guigue
annonce que cette lacune sera bientôt comblée « par un jeune investigateur du
passé » ; mais s'il ne nous donne pas son nom, on peut le deviner et d'avance on
peut préduire aussi le succès de son nouveau livre.
   Il nous reste enfin à parler d'une publication faite par un jeune lettré qui a déjà
fait ses preuves, d'un manuscrit lyonnais, peu connu, et qu'il a su découvrir à
la Bibliothèque nationale. Ai-je besoin de le nommer ? c'est M. Georges Guigue,