Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           L'ATLANTIDE                              211
   « Des cerfs géants porte fièrement des bois si hauts que l'oiseau
les prend pour des arbres d'une grandeur supérieure : le masto-
donte sauvage effarouche les gazelles et le mammouth corpulent
épouvante les mastodontes.
   « Les Pyrénées et l'Atlas, barrières titaniques par lesquelles Dieu
mura deux continents frontières, y abouchent leurs cordillères
sœurs, donnant au condor des cimes neigeuses, au rossignol des
vergers.
   « Il semblait que jalouses, la Lybie et l'Europe, comme des
fillettes, donnaient la main à l'héritière du monde et que celle-ci,
h la flamme du génie, étoile qui brille sur son front, les guidai 1
pour gravir l'escalier des siècles.
    « Le C.uadiana, le Douro et le Tage qui absorbent l'or et l'argent
 coulant à gros bouillons des plaines d'Ibérie, serpentent comme
 des anguilles sur des lits de pierreries, dorent et emperlent les
 prés et les marais.
    « En leur cours, ils se joignent aux fleuves de Lybie : le fleuve
 d'or et et le Génil mêlent leurs flots, et si l'un apporte les rumeurs
et les mélodies de la Bétique, l'autre lui en amène de la côte de
Palmes et d'Ivoire.
    « Comme formée de flocons de neige, vêtu de porphyre et de
marbre, entre les deux fleuves et s'y mirant, à demi couchée sur
l'Atlas et à l'ombre de ses arbres, s'assied l'orgueilleuse Babylone
de l'Occident.
    « Dans le lointain, entre de gigantesques fougères, blanchit lelarge
front de ses menhirs et de ses tours, pyramides alpestres de mar-
bres sur marbres qui, de leurs]cimes, prétendent envahir le ciel.
   « La mer n'a jamais vul'immensité de ses vastes royaumes et
tous dorment à l'ombre de son écu géant : et Tangis, Cassitérides,
Albion, Thulé et Mellaria lui envoient par chaque fleuve des bate-
lées d'or battu.
   « Mais qui dirait, à la voir si belle dans sa splendeur, que le
cancer d'un noir péché lui ronge le cœur et qu'entre la matière et
les humeurs purulentes qui en découlent, le soleil, demain, la cher-
chera vainement dans son lit.
   « Vers le jardin, Hercule s'ouvre une route à travers les boca-
ges odoriférants ; les buffles et les lions sauteurs fuient épou-