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58 LA REVUE LYONNAISE porter, jusque dans le fond de nos campagnes, la vraie parole de Dieu, oubliée ou méconnue l. Chacune de ces nouvelles maisons religieuses s'était nécessairement formé un Trésor, soit avec ses ressources personnelles, soit à l'aide des généreux fondateurs de ces maisons, ou avec le concours d'autres âmes pieuses. Toute- fois, à défaut de leurs inventaires, on peut supposer que ces nou- veaux Trésors n'ont pu se composer que d'objets modernes, dans le goût de l'époque, et qu'on ne devait pas y rencontrer de ces anciens monuments d'art qui avaient échappé aux mains des calvinistes, en 1562, et dont beaucoup se conservaient dans le Trésor de la Primatiale. Mais la France n'était pas lasse de révolutions ; une nouvelle et plus horrible tempête devait encore fondre sur elle, et, en dé- truisant toutes nos anciennes institutions, faire subir à l'art les pertes les plus cruelles et les plus irréparables. Cette révolution saluée d'abord avec enthousiasme parles hommes crédules, séduits par les utopistes du dix-huitième siècle et par la secte des prétendus philosophes, fut, à sa naissance, calme et modérée ; mais comme toutes les révolutions, elle ne tarda pas de glisser, fatalement, sur sa pente, pour arriver aux plus afi'reux excès, aux spoliations, aux ruines, et à verser le sang le plus pur de la France. Les richesses, peut-être excessives, mais légitimement acquises par les dons des souverains, dès princes, des dignitaires ecclé- siastiques et par les largesses des plus humbles particuliers, ne purent manquer de tenter la convoitise des prétendus réformateurs de la société, dès les premiers jours de la Révolution. « Le fait le plus considérable, dit un savant jurisconsulte, qui marqua les progrès irrésistibles de notre première révolution, fut cette œuvre immense de dépossession, au moyen de la vente des biens natio- naux, et qui mit dans tout son jour l'illusion qu'avaient caressée quelques esprits, de contenir dans la sphère des abstractions phi- losophiques ou des fictions purement politiques et constitutionnelles, 1 Les archevêques même avaient négligé de faire des visites pastorales, Massillon en parla ainsi dans l'oraison funèbre de Camille de Villeroy, décédé en 1693 : « Depuis longtemps même, cette église n'avait pas vu ses pontifes aller, comme des nuées saintes, répandre des rosées salutaires sur les diverses contrées de sa dépendance. »