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que c'était de crainte que les élèves ne fissent gras avec ostentation. Danger
de l'émulation, etc.
      Je conduisis M. Arles chez Quinet. Je menai par l'omnibus ma fille
chez Quinet, retins ma place à la malle 1 et j'allai voir M. Imbert % médecin,
à midi ; préoccupé des races, discret sur Lyon, prépare un travail sur les
races lyonnaises. La tête ronde domine ici, la longue à Paris. La popul(ation)
passe pour moins active, accent traînant, malpropreté, police des rues
impossible 3 , l'autorité peu respectée, le commissaire est un ami, un voisin.
      Le matérialisme est ici bien représenté par M. Imbert.
      Le catholicisme en face. Mais aussi très matériel, à en juger par le ser-
mon que nous avons entendu hier soir, pitoyable déclamation de comédien.
Quinet nous conta sa visite chez l'archevêque i : grand, gros, blême, inso-
lent, fort mécontent de ce qu'un laïque (François) 5 ose parler de religion :
« Qu'il y prenne garde, qu'il y prenne garde ! ».
      Un Juif que j'allai voir et qui, le soir, me rendit ma visite, a trouvé un
chanoine (M. Chabaud) qui a reconstruit toute la liturgie du moyen âge,
mais très malade (ou discret).
     Les prisons sont ici entre les mains des Frères de Saint-Joseph.
M. Arles croit que les choses sont mieux ainsi.

       SAMEDI.— Reçu visite de M. Monin père e. Visité inutil(ement)
M. Monfalcon ', M. Monin, M. Reynaud 8 , M. François. Les mariniers du
Rhône ont conservé un mot très significatif pour dire à droite ou à gauche
du fleuve : « vogue d'empire ! vogue de royaume ! ». A quatre heures, vu
M. Monfalcon ; dîner chez Quinet avec M. Michallet. Lu brochure sur
Lyon. Ecrit à madame Angelet 9 .

      i. Michelet devait prendre le 3 avril la malle-poste pour Saint-Etienne.
      2. D r Fleury Imbert (1796-1851), chirurgien en chef de la Charité et fervent adepte de Fourier.
      3. Cf. description de Jal citée plus haut : « tout y est sale, et les hôtels et les logis plus que tout le reste,
etc. ».
      4. Monseigneur de Pins, administrateur apostolique du diocèse en l'absence du cardinal Fesch, retiré
à Rome, de 1834 à 1839. Il semble avoir impressionné ses contemporains par sa maladresse et est assez
maltraité par Collombet dans son article Quinze ans de l'Eglise de Lyon, Revue du Lyonnais, 1840, tome XI,
p. 490-515.
      5. A. François, professeur d'histoire à la Faculté des Lettres, prononça le discours d'ouverture le 27
novembre 1838. Cf. Revue du Lyonnais, 1839, tome IX. Edgar Quinet prépare, à cette époque, le Génie des
religions.
     6. Collaborateur de la Revue du Lyonnais, auteur d'un roman de chevalerie Ogier le Danois. Cf. Revue
du Lyonnais, 1837.
     7. D r J.-B. Monfalcon (1792-1874), plus tard bibliothécaire delà ville de Lyon (1847). Il dut offrira
Michelet son Histoire des insurrections de Lyon en 1831 et en 1834 (Lyon, 1834) et son Code moral des ouvriers
(1839).
     8. J. E. Reynaud (1806-1863), professeur, puis doyen de la Faculté des Lettres (1840).
     9. Lettre publiée ci-dessus.