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— 551 — Le second point serait « la fondation de Panthéons à Paris et en Province » : Ces temples, consacrés par la gloire des plus illustres enfants de la France, et ayant des cérémonies commémoratives présidées par les autorités civiles et militaires, des oraisons funèbres prononcées par les académies locales,,, deviendraient ainsi une sorte de sacerdoce civil. On verra plus loin le projet de réforme électorale que Chenavard proposa un jour à Gambetta. III Le fragment qui suit n'intéresse Lyon que par les personnages qu'il met en scène : Chenavard, Edouard Aynard et sans doute Mariéton qui a écrit, en tête de la feuille double où est sténographiée cette causerie : « déc. 85. A = Edouard Aynard (venu, l'autre semaine, pendant une lecture) v. cahiers de juillet 85 ». A propos d'une nouvelle découverte, on disait à M, Chenavard : « Cette fois, vous ne nierez pas le Progrès, Voilà une découverte qui supprime le temps et l'espace, CHENAVARD. — Le Progrès i qu'entendez-vous par là i Voulez-vous dire que les hom- mes sont plus grands et plus forts aujourd'hui; qu'ils vivent deux siècles en moyenne i Non, n'est-ce pas i Alors le Progrès n'existe pas. (A)YNARD. — Pourtant les chemins de fer, le télégraphe... CHENAVARD. — Tout cela c'est du mouvement. Le progrès, s'il existait, serait un - accroissement de notre capacité physique et intellectuelle. Au point de vue physique, nous n'avons rien gagné et rien perdu. L'antiquité avait la peste, la lèpre, je ne sais combien de fléaux qui enlevaient des millions d'hommes ; nous avons la guerre avec des armes perfec- tionnées, le choléra, la petite vérole et le mal de Naples, que les anciens ne connaissaient pas. Et, dans le domaine de l'intelligence, nous avons plus perdu que gagné. Chez les an- ciens, tout exercice intellectuel était esthétique et il donnait le plaisir du Beau autant que celui du Vrai. Qu'est-ce que cela me fait qu'une chose soit vraie ; que ce soit la terre qui tourne autour du soleil au lieu du contraire i Me voilà bien avancé! Cela fait mieux con- naître l'ordre des choses et vous direz qu'il est plus beau tel qu'il est que tel qu'on se l'imagi- nait. C'est possible, mais le plaisir d'imaginer est le vrai plaisir. Ces belles découvertes nous " ont fait connaître mille choses dont les anciens se passaient parfaitement ; ils admiraient à faux, mais ils sentaient mieux. (A)YNARD. — Pourtant c'est quelque chose que de rendre à la vie humaine le temps que lui prenaient les voyages, et de rassembler les amis éloignés. CHENAVARD. — Ce ne sont que de belles apparences. Il y a soixante ans, à ce même endroit où est l'hôtel de Milan, je partais pour Paris par la diligence. Le voyage durait trois jours et trois nuits ; l'on ne se mettait en route qu'après avoir arrangé ses affaires ou fait son testament, comme si on avait à faire le tour du monde. Mais aussi quelles distrac- tions en route! comme tout semblait nouveau! A force de rouler dans la même boîte, on fai- sait connaissance, on causait, on se faisait des amis. Aujourd'hui, je vais, sur cette même