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— 419 — quaient de travail, on les rencontrait auprès de la salle de spectacle, et à tous les carrefours, la lanterne à la main : moyennant un salaire de quelques sous, ils éclai- raient la marche de ceux qui acceptaient leurs services. Cette ressource, qui avait bien quelque importance, leur fut enlevée par l'éclairage des réverbères, qu'on a dû croire le meilleur jusqu'à ce qu'il eût été remplacé par l'éclairage au gaz. Celui-ci serait parfait, si l'on pouvait empêcher la mauvaise odeur dont il infecte l'air, et s'il ne mettait la ville en continuel danger d'être ensevelie tout-à -coup dans la plus profonde obscurité par suite d'un accident ou d'un acte coupable. Le pont en bois de l'Archevêché aboutissait, à la rive droite de la Saône, sous une voûte au-dessus de laquelle était une grande et belle galerie. Au bout de cette galerie, une chapelle s'appuyait contre une maison du quartier St-Georges. Le bâti- ment de l'Archevêché avait le pied dans la rivière dont le lit fut rétréci par l'établis- sement du quai des Comtes sur la rive droite. L'hôtel garni du Palais-Royal baignait aussi dans l'eau : l'établissement de la culée du pont de Tilsitt et du quai de l'Arsenal a encore rétréci le lit de la rivière. C'est peut-être à ces rétrécissements plus qu'à la masse énorme du pont de Tilsitt et à l'ouverture insuffisante de ses arches qu'il faut attribuer l'inondation de 1840. Disons maintenant ce qu'était l'état politique et moral de Lyon quinze ou vingt ans avant la Révolution de 1789. Lyon avait de grands privilèges acquis légitimement comme condition de sa réunion à la monarchie française, et notre ville est peut-être celle de toute la France à laquelle la Révolution a causé les plus grands torts. L'exposé de tous les avantages dont elle a été dépouillée ferait la matière d'un ouvrage bien intéressant pour les Lyonnais, surtout si l'auteur examinait cette grande œuvre de la Révolution qui a voulu assujétir aux mêmes impôts, soumettre aux mêmes lois, un état aussi étendu que la France. Provinces de montagnes, provinces de plaine, départements agricoles, départements commerciaux et industriels, pays frontières ou riverains des mers sont gouvernés avec une uniformité complète. Un tel système peut-il se maintenir i l'avenir nous l'apprendra. Un grand privilège de la ville de Lyon était le droit de se garder elle-même et d'être exempte du logement des gens de guerre : les régiments ne faisaient que la traverser et logeaient dans les faubourgs. Dans mon enfance, le commandement de la ville, donné habituellement au prévôt des marchands, était confié à M. le marquis de Rochebaron dont la veuve a été vue, pendant la terreur, portant suspendue à son bras le pot de soupe qu'elle devait à la charité de quelques habitants. Le commandement fut rendu, après M. de Rochebaron, à M. de la Verpillière, prévôt des marchands. Je renvoie aux Almanachs de Lyon, édités par Aimé Delaroche, ceux qui voudraient connaître le nombre et l'organisation des tribunaux, des administrations et des établissements religieux et de charité, antérieurement à la Révolution. Je