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SAINT AVITE. 4ï5 et angélique, selon le langage même d'une relation du temps, contrastent si vivement avec les- grossiers emportements de Boniface, l'orateur du parti contraire, que le roi ébranlé pleure de ne pouvoir se convertir dans la crainte de perdre sa couronne ; son talent oratoire, comparé par ses contem- porains à celui de Cicéron ( eral aller Tullius ), le fait re- chercher dans toutes les grandes occasions ; il prêche a la dédicace de l'église Saint-Michel à Lyon, à celle de Saint- Fierre a Genève, a celle de la basilique de Tarantaise, a la cérémonie de la restauration du monastère d'Agaune, et a l'ordination de plusieurs évêques ; il convertit à la foi catho- lique, Sigismond, fils de Gondebaud, Sigeric fils de Sigis- mond, et petit-fils par sa mère de Théodoric-le-Grand, ainsi que la princesse sœur de Sigeric; il résiste au zèle indiscret de certains préfets qui songeaient a profiter de la victoire de Glovis, pour enlever aux Ariens leurs basiliques : On m'ob- jectera peut-être, dit-il, que les hérétiques, s'ils étaient les plus forts, profaneraient nos autels. Cela est vrai, je ne sau- rais en disconvenir. Dès qu'ils le peuvent, ils s'empressent d'envahir les temples des autres, de leur imprimer la souil- lure de leur contact impie. Mais recourir à la force brutale, s'emparer violemment d'un lieu, changer la destination des autels, tel n'est point le rôle qui convient à l'Eglise; elle doit rester pure comme la colombe. Plus l'hérésie croit ces excès licites, plus nous devons nous en abstenir. Irons-nous chercher des exemples dans les fureurs de nos ennemis? Mais Avitus sait aussi, lorsque les circonstances l'exigent, résister avec énergie ; il insiste pour que Victorius, évêque de Grenoble, dans l'intérêt de la discipline ecclésiastique, tienne tête à des clercs turbulents et pleins de malice, qui osent recourir, contre l'autorité de leur pasteur, à l'insolente hardiesse des grands du siècle jaloux d'un pouvoir qui ne leur appartient pas; il préside plusieurs conciles, notam-