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102                NOTICE SUR J.-B. BlIMAS.

frère a l'Académie et son ami, Dumas mit au jour une feuille
publique destinée à euregistrer tout ce qu'allaient amener
d'intéressant, pendant le séjour du premier consul à Lyon,
les événements qui se préparaient. Ce journal, ce fut le Jour-
nal de Lyon et du Midi, qui se transforma peu de temps
après dans le recueil intitulé Bulletin de Lyon. De nobles
intentions de patriotisme avaient déterminé la création de
ces deux feuilles, qui n'eurent pas une existence bien longue,
car elles ne durèrent guère plus que l'État cisalpin dont
elles avaient célébré le berceau. Sans rechercher les causes
de leur insuccès, je ne me défendrais pas de croire qu'il
avait pu manquer à Dumas quelque chose de ce qu'il faut à
un journaliste. Non qu'il n'eût cherché a se faire une théorie
réfléchie de son art : il s'était dit, d'après Rivarol, « qu'un
« journal sans malice est comme un vaisseau démâté, à qui
« les corsaires eux-mêmes refusent le salut.«Mais, en dépit
de ces démonstrations un peu belliqueuses, je soupçonne
fort d'une nature si douce et si bienveillante que la sienne,
qu'il avait affiché en homme d'esprit son programme plutôt
qu'il n'avait eu envie de le remplir.
   En 1827, il prit une de ces initiatives résolues que dicte
le sentiment des devoirs envers le pays. Le gouvernement de
la Restauration venait de présenter un projet de loi sur la
police de la presse , contre lequel s'élevait la réprobation
presque unanime de l'opinion publique. Cet acte du pouvoir
qui tombait dans un monde politique si agité, tombait aussi
dans un monde littéraire tout en sursaut du mouvement de ré-
novation commencé par le romantisme. Les lettres, pendant
cette période de réveil et de lutte, participaient des ardeurs
du patriotisme et de la fiévreuse émotion des partis. Elles
aussi voulaient faire acte de puissance dans la vie publique.
Dumas, malgré l'autorité locale qui avait cherché a l'en dé-
tourner, apporta à l'Académie une motion solennelle : il